L'histoire :
Après le Cataclysme, les rapports géopolitiques mondiaux ont été bouleversés. Le pétrole est devenu une denrée rare, les villes se sont organisées comme des bastions moyenâgeux, les Etats-Unis ne dominent plus la planète. Dans ce futur proche laissé à l’abandon, l’élégant Beauterne fait une halte à Damonte, patelin paumé d’une région de montagnes. Il roule dans une belle BMW et n’a aucune difficulté à lâcher 300 $ pour faire le plein. Il cherche une chambre, trouve un hôtel peu fréquenté, s’y installe et fait du tourisme, prenant le temps de s’imprégner du calme apparent des environs… Car les apparences sont justement trompeuses. Les loups, toujours plus nombreux, s’approchent chaque jour davantage du village. Deux chasseurs sont retrouvés atrocement mutilés. On suspecte une étrange communauté installée dans les locaux d’une ancienne scierie, d’être responsable. Considérés par les villageois comme les membres d’une secte, on les dit pacifiques, mais il se murmure qu’ils pratiquent l’inceste. Et puis il y a le maire, un ancien colonel de la guerre du Golfe, violent et omnipotent, marié à une femme bien trop séduisante pour être délaissée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Christophe Bec l’aurait annoncé : Le temps des loups sera la dernière série qu’il dessinera, l’auteur préférant se consacrer dorénavant pleinement aux scénarii. On ne lui en voudra pas de privilégier cette facette du 9e art, l’écriture de fictions étant plus gratifiante et moins dévoreuse de temps. En témoigne, de fait, son actualité actuellement chargée en tant que scénariste : Bunker, Carême, Pandémonium, Carthago, Deus, Prométhée, Sarah + toute la collection Hanté… Pour finir en beauté, Bec est à la fois scénariste, dessinateur et coloriste de ce nouveau western post-cataclysmique, un genre à part dans lequel on trouve notamment l’excellent Jeremiah. De ce premier épisode, qui nous en apprend pour le moment bien peu, on retient avant tout l’ambiance angoissante. Tout comme le récit s’appuie à de nombreuses reprises sur des planches dénuées de phylactères, le héros prend son temps et évolue souvent dans des cases dénuées d’arrière plan. Ce parti-pris graphique renforce la dimension post-apocalyptique quasi virginale, épurée du superflu, et provoque un sentiment de malaise. On sent une volonté chez Bec de rendre un nouvel hommage à un type de cinéma américain. Qui est ce héros qui ressemble à James Dean ? Il ne semble pas totalement étranger au phénomène des loups-garous, mais ses desseins, son rôle demeurent très flous… De même, l’ombre de Stephen King plane sur ce premier épisode, comme l’assume volontiers l’auteur. Un patelin rural et déserté comme les affectionne le romancier, un hôtel vide digne de Shining, une étrange communauté dont les membres sont a priori des loups-garous. Il n’y a pas grand-chose d’autre pour le moment à se mettre sous la canine…