L'histoire :
Dans un futur proche post-cataclysmique, Beauterne pose ses valises dans un hôtel de la petite ville de Damonte. En ces temps difficiles où les cités se sont organisées en véritables bastions moyenâgeux, la terreur règne sur la région : plusieurs habitants de Damonte ont disparus et les corps de deux chasseurs ont été retrouvés sauvagement mutilés. Les autopsies pratiquées semblent écarter la première hypothèse, à savoir une attaque des loups. Nul doute alors que les responsables se trouvent parmi « ceux de la scierie », une soi-disant secte aux mœurs particulières qui excitent l’imaginaire des habitants. Menée par un maire ex-colonel violent, la milice part en chasse pour se faire justice. Beauterne, l’étranger, observe ce remue-ménage d’un œil expert et intéressé. Qui est-il vraiment ? Il cache vraisemblablement un passé peu recommandable et semble être la proie de limiers qui en veulent à sa peau… En ville, la tension monte : des membres de la « secte » ont été capturés, d’autres se sont fait la belle en laissant derrière eux des cadavres en charpie. Plus troublant encore, un examen attentif des dépouilles laisse supposer l’inimaginable et le farfelu : les blessures observées seraient l’œuvre de loups-garous ! De son côté, Beauterne suit la trace d’une fugitive blessée qui, découverte, s’adresse au premier regard à l’étranger en ces mots : « Tu n’es pas un humain. Es tu comme nous ou un chasseur ? »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Qui ne s’est pas demandé, à la lecture d’un ouvrage de Christophe Bec, ce qui avait bien pu chez cet auteur provoquer autant de cauchemars ? Il nous fait en effet partager un univers peuplé d’un bestiaire effrayant composé de monstres aux dents pointues ou d’ectoplasmes qui hantent les nuits des enfants. Seul ce besoin méticuleux de maîtriser au millimètre les atmosphères, en distillant avec lenteur et parcimonie les informations, nous empêche de sombrer ensemble dans la folie et tient à distance nos communes phobies. Ce deuxième tome du Temps des loups œuvre à son tour pour la thérapie en une impeccable mise en scène qui promène le lecteur d’un espace à l’autre ou le fait bondir dans le temps pour une relecture intrigante et intelligente du mythe du loup-garou. L’intérêt du récit est indéniablement le jeu des apparences qui nous est livré. Car qui est vraiment qui ? De Beauterne en passant par ceux de la scierie, du colonel ou de son épouse, voire du prêtre de la communauté, le scénariste pose les questions et fait semblant (on l’espère en tout cas !) d’y répondre pour mieux nous charmer… Ah ! Le monsieur ne choisit pas la simplicité. Mais peu nous importe, s’il retombe sur ses petons. Luca Raimondo profite du surcroit d’activité de son scénariste (8 suites ou débuts de séries prévues pour 2009 !) pour lui piquer les pinceaux. Il réussit une très bonne reprise graphique, sans heurt, et applique par petites touches son style : un travail plus fouillé, qui élimine le sentiment de malaise propre au trait de son prédécesseur (c’est la seule mise en scène qui imprime la tension). Reste aux deux artistes à transformer l’essai dans un ultime opus, dont l’issu est encore bien obscure…