L'histoire :
Andrew Stills est le fils d'un pasteur méthodiste, parti avec sa famille fonder une congrégation dans le Missouri dans les années 1820. Lorsque l'école et les travaux de la ferme lui en laissent le temps, il aime se promener dans la campagne, et se passionne en examinant des cadavres d'écureuils. Leur squelette, les organes, les veines et leur agencement mystérieux. Lorsqu'il est adolescent, il subit une cure de Calomel, une substance minérale utilisée pour de nombreuses maladies, mais qui ne fait qu'agir comme laxatif, avec des conséquences à long terme tout à faut néfastes. Andrew ne sait pas encore que ce moment sera décisif. Pendant de nombreuses années, après son mariage et la naissance de ses premiers enfants, il accompagne son père de mission en mission à travers le territoire américain. Il y côtoie la médecine indienne, est confronté aux enjeux de l'esclavagisme, mais il n'a pas encore développé ses connaissances sur le corps humain. A la suite d'un tournant majeur dans sa vie familiale, alors qu'il est déjà un homme mur, il entreprend des études approfondies de chirurgie. Il va alors découvrir une autre manière de soigner certaines maladies, en agissant ici sur le positionnement d'une vertèbre, là en dégageant la circulation d'une veine. C'est le début d'une nouvelle carrière, qui va faire de lui le fondateur de l'ostéopathie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'origine des manipulations mystérieuses auxquelles on se soumet lorsqu'on rend visite à un ostéopathe, il y a la passion d'un fils de pasteur pour le corps humain et le squelette. Un destin américain typique de l'époque des pionniers, lorsque les idées pour gagner de l'argent foisonnaient, et que le charlatanisme des elixirs côtoyait une médecine classique qui se cherchait encore pour de nombreuses pathologies. Stéphane Piatzszek rend palpable la passion du premier ostéopathe et son voyage personnel à la découverte de nouveaux moyens de soulager les maux, voire certaines maladies. Le scénariste semble avoir été fasciné lui-même par les prodiges réalisés par le médecin, tout en mettant en avant son aspect parfois illuminé. Les découvertes médicales ne sont qu'une petite partie de l'album, qui traverse quelques décennies de l'histoire américaine. Le récit s'en trouve d'ailleurs presque coupé en deux, avec l'avantage toutefois de construire la personnalité de Stills et son humanisme, avant de plonger dans son cabinet médical. Benoit Blary fait un joli travail de mise en images aux couleurs subtiles. Son trait plutôt fin convient à la fois aux moments clés où le médecin intervient sur le corps de ses patients, et aux balades dans les paysages typiques de l'Ouest. Une biographie agréable et instructive qui raconte à la fois un destin scientifique et une histoire personnelle.