L'histoire :
Un bébé ours marche sur la banquise avec sa maman. Celle-ci repère des phoques et elle se rue sur eux pour les chasser. Hélas les phoques plongent et l’ourse finit elle aussi par tomber à l’eau. Elle se noie, enfermée sous la banquise et elle finit croquée par un gros orque. Le bébé ours ne comprend pas trop. Il attend penaud sur le bord de la banquise en appelant « mamaaaa »… La nuit tombe. A l’aube, un couple de rennes passe par là. La femelle Maïssa comprend vite que le petit ours est orphelin. Or elle-même ne peut pas avoir d’enfant. Elle insiste auprès de son mâle Jörg pour l’adopter, au mépris de toutes les lois de la nature. Jörg râle un peu, mais sa femelle a toujours le dernier mot. Elle décide de l’appeler Renn, bien que Jörg trouve ce prénom complètement con pour un ours polaire. Bien des saisons plus tard, Renn a grandi au sein de la communauté des rennes. Il est devenu massif et ses jeux d’« attrape-moi » deviennent donc dangereux avec sa copine renne Solveig. Les deux s’entendent néanmoins très bien, malgré leur quête permanente de régimes alimentaires opposés : Solveig cherche du lichen ; Renn a super envie de poisson. Soudain, Renn tombe dans une crevasse. Il se retrouve dans une grotte de glace, avec des objets humains. Il trouve un masque fabriqué dans un crâne d’ours…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La quête initiatique de cet ours polaire commence comme la fable du vilain petit canard, qui est en fait un bébé cygne ignorant sa condition. Le bébé ours du début est en effet baptisé « Renn » par le couple de rennes qui l’adoptent. Un gap de plusieurs saisons entre les pages 8 et 9 lui offrent l’opportunité d’une aventure initiatique en tant qu’adulte, aux frontières du shamanisme, qu’aucun humain ne viendra jamais « polluer ». Tous les personnages appartiennent en effet au règne animal, habitants du cercle polaire arctique (ou presque : il y a un singe du Gabon !). L’immense aisance graphique de Christian Paty – et sans doute pas mal de séances d’études et d’observation zoomorphiques – lui permettent de mettre en scène des bestioles quasi réalistes. La part d’anthropomorphisme se produit uniquement dans les dialogues, modernes et souvent truculents, des animaux entre eux.. et quelques subtiles expressions faciales. Ils se vannent, se défient, se dominent ou se soumettent, et répondent ainsi souvent de manière crédible aux lois claniques, territoriales et naturelles des espèces. Ils abordent aussi, sans trop s’y perdre, des sujets de société (l’instinct, le racisme, le genre…). Entre conte naturaliste et aventure fantaisiste, la direction du scénario peut paraître par moment décousue ou foutraque (la déambulation des singes japonais !). Mais l’aventure rythmée et soignée séduira un large public.