L'histoire :
De nos jours, la jeun et belle Annunziata Sabini est attachée de presse au Vatican. Grace au système de surveillance informatique, elle a programmé un certain nombre d’alertes sur les sujets piquants demandés par son oncle Federico, un ecclésiastique à la retraite. C’est ainsi qu’elle consulte le témoignage vidéo d’une vieille femme sur l’assassinat d’un dénommé Vassili Ilyitch, un individu qui intéresse de près son « oncle » (Annunziata fut un bébé trouvé…). Le lendemain, avec l’appui de ce dernier, elle négocie avec son supérieur un petit voyage en Sibérie, pour creuser l’affaire. Dans le transsibérien qui les emmène de Moscou à Irkoutsk, à la frontière mongolienne, Federico ouvre un petit carnet intime et les instruit sur la catastrophe de Toungouska, le 30 juin 1908. A cette date, en effet, un objet céleste extrêmement lumineux déchirait le ciel sibérien, pour s’écraser en une gigantesque explosion qui détruisit tout à près de 250 km alentours (600 fois Hiroshima). Plusieurs mystères entourent dès lors cet évènement : pourquoi la zone n’a-t-elle été approchée que 19 ans plus tard ? Comment est-il possible que l’objet ait explosé avant de toucher la surface du sol ? D’où proviennent les radiations qui s’en sont dégagées ? Et surtout, y aurait-il eu une conséquence imperceptible sur le métabolisme des êtres vivants rescapés ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ces Carnets secrets du Vatican inaugurent une collection éponyme dans la droite lignée des Da Vinci code et consort. Au scénario, Novy (dit Hervé Loiselet) fait montre d’une belle ambition : animer 3 one-shots dans ce même esprit. S’appuyant pourtant sur une densité scénaristique certaine, ce premier récit n’est paradoxalement pas des plus limpides. En effet, on a du mal à cerner les véritables enjeux de l’intrigue : s’agit-il d’enquêter sur l’assassinat d’un antiquaire ? De comprendre ce qui est tombé du ciel en Sibérie en juin 1908 ? De révéler une nouvelle espèce humaine ? C’est un peu tout cela à la fois, englobé dans un secret vaticanesque et shamanique qui demeurera (forcément) impénétrable. A cette collusion d’intrigues occultes (trop de mystères tuent le mystère), s’ajoute une collusion de genres narratifs légèrement dichotomique. Primo, le canevas central est certes celui du thriller ésotérique : le Vatican cache un secret qui concerne l’humanité. Après une lente mise en place, lors de laquelle les protagonistes nous sont classiquement présentés (avec une légère teinte romancée…), se greffe une séquence didactique et véritablement piquante : le mystère de la catastrophe céleste de 1908 (véridique et toujours inexpliquée), ses possibles origines et son mystère (on ne s’en approcha pour l’étudier que… 19 ans pus tard !). S’ensuit alors un brouillage soudain du récit, lors duquel les protagonistes perdent subitement tout attachement : et vlan que je suis flingué ; et vlan que je suis un traitre ; et vlan que j’embrasse une destinée supérieure sans broncher. Il faut avouer qu’on termine l’album un peu perdus… Dommage, car Augustin Popescu, également nouveau venu dans le 9e art, fait montre de quelques dispositions intéressantes au dessin. Complétées par les couleurs douces d’Elodie Jacquemoire, ses planches sont détaillées et élégantes. Voilà qui promet pour le second one-shot prévu également pour 2008, qu’on espère plus limpide…