L'histoire :
Le jour de l’accouchement de leur fils Terram, Marcus et Stella vécurent logiquement un moment de bonheur absolu… jusqu’à la sortie de la maternité, où Stella eut un sombre et terrible pressentiment. Le ciel rougeoyant se changea alors en une violente tempête. Bien des années plus tard, Marcus porte un double fardeau. D’une part, son fils Terram est alité, plongé depuis plusieurs mois dans un intense état d’inertie. Régulièrement, il faut pourtant calmer en lui de violentes crises de cauchemars, visiblement effroyables. D’autre part, Stella se trouve depuis peu à l’hôpital, plongée dans un coma de phase III. Les médecins restent perplexes… et lorsqu’ils s’entretiennent avec Marcus, celui-ci devient fou : strictement rien n’explique et ne relie l’état du fils de celui de la mère. Marcus a pourtant une idée sur les causes de cette double torpeur…. mais il refuse d’y croire. Avant de sombrer dans le coma, Stella lui a en effet avoué l’inimaginable : elle suspectait que Terram soit victime d’une malédiction ourdie par la démone Lilith ! Or, le simple fait de prononcer ce nom condamnait dès lors Stella à être détruite par cette puissante démone. Tout ce qu’elle souhaitait alors, c’était d’« aller chercher » Terram dans ce monde onirique où il est retenu prisonnier. Et puis voilà que Terram se met à écrire un prénom sur la buée de la vitre : Jehohanan, soit la traduction hébraïque de Jean, son grand-père…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir lu le résumé, tentez le coup : prononcez à haute et déterminée voix le prénom « Lillith » ! Si vous hésitez, vous avez toutes les chances d’accrocher à l’épisode pilote de cette tragédie ésotérique. En soi, le pitch n’est pas très original : une démone ayant pris possession d’un adolescent, sa mère se sacrifie et plonge dans le même « infra-monde » (comprenez l’éther où vivent les démons, les gens comateux, tous les trucs et machins un peu divins) pour le récupérer. Du satanique classique, somme toute, néanmoins mis en place par Sand via des biais scénaristiques modernes, entremêlant le présent avec les flashbacks et les séquences « oniriques ». Cette histoire satanique permet surtout de mettre en valeur le joli coup de crayon de Fabrice Cossu, particulièrement doué pour représenter les visages tourmentés. Et ici, il n’a que l’embarras du choix : à l’exception de la belle et démoniaque Lilith, les personnages sont perpétuellement anxieux ou affligés. Pour le reste, Cossu utilise un maximum d’espace dans ses cases souvent muettes (presque la moitié des planches est dénuée de dialogue), parfois pleine page, une fois même carrément sur 2 pages, pour nous envoûter de l’ambiance ésotérique idoine. Tremblez mortels…