L'histoire :
L’arène comble du Colisée intergalactique retentit des cris et vociférations des spectateurs réclamant toujours plus de sang. Cher public, chers parieurs, voici qu’approche la fin de la treizième rencontre des jeux de mars : qui du samouraï ou du mousquetaire tuera l’autre ? Chlic. La tête décapitée du bretteur est offerte en trophée à la foule. Pam ! Dommage, pour son vainqueur qui n’eut guère le temps d’en profiter. Ils ont tous deux perdus à ce petit jeu. Contrôle de la population, messieurs et dames. Eh oui, je suis ce qu’en langage commun on nomme un furet, chargé d’éliminer chaque jour l’excédent de population tiré au sort par l’ordinateur Atropos. Un boulot comme un autre si l’on veut bien envisager les choses. Mais aujourd’hui, je travaille sous la bulle résidentielle et non dans la nécrozone…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si l’on portait ces chroniques à l’écran, on penserait immanquablement à l’univers baroque du film Blade runner : un futur immédiat anticipant nos pires cauchemars (Irak, conflit planétaire Nord/Sud, mégapole décadente). Une vision peu originale mais diablement crédible. Si donc, on en réalisait un long métrage, on utiliserait probablement des images de synthèse tant le travail d’Atif Khaled est ici remarquable. On apprécie (ou non) le dessin assisté par informatique, mais force est de reconnaître une mise en images très en phase avec l’esprit du récit, offrant par moments de superbes planches (celle de la visite au zoo virtuel p.20 par exemple). Les vignettes donnent l’impression d’une caméra qui surlignerait les traits des personnages au premier plan, sans pour autant négliger les demi-teintes d’un fond d’écran flouté mais nuancé. Le choix judicieux d’une narration voix « off » offre une profondeur réelle, une intimité partagée avec le personnage dont l’humour premier degré produit comme un retour sur lui-même. Seul regret : pourquoi Jean-Pierre Andrevon n’a-t-il pas coupé les vingt premières pages de sa pellicule ? Une trop longue mise en action rappelant le travail du matricule 129305749588 pourtant déjà amplement explicité lors du premier opus, frustre un temps le lecteur. L’exigence d’un roman dont il scénarise ici l’adaptation, est à coup sûr bien différente de celle d’un second illustré que l’on aimerait plus mordant d’entrée. Lorsque survient, au final, le meurtre tant espéré et annoncé par la quatrième de couverture, l’étincelle qui doit mettre le feu aux poudres, il est urgent d’attendre la suite ! Parions qu’à l’instar d’un visuel sublimé au regard du premier tome, le synopsis en fasse de même et nous offre l’explosion tant espérée lors du prochain volet…