L'histoire :
Jadis, aux temps anciens de la préhistoire, tandis que les hommes ne sont pas encore sapiens, une civilisation humaine parallèle très développée vit déjà derrière les hauts murs d’une gigantesque cité : Eden. Universités, boîtes de nuit, smartphones sont déjà inventés et largement utilisés. Un gigantesque ordinateur animé par une puissante intelligence artificielle autonome équilibre une vie harmonieuse pour tous les habitants. Dans ce contexte, Yab est un jeune geek amoureux transis de la plus belle fille de la classe, Soléa. Mais conscient de son manque de charisme, il sait qu’il n’a aucune chance avec elle. Pour la séduire, il tente d’apprendre la guitare, de conduire une aérovespa, de faire de la muscu… mais toutes ces tactiques s’avèrent catastrophiques. Aussi, quand la jeune fille lui demande un peu d’aide pour son devoir de science physique, un soir après les cours, est-il tout ému. Hélas, elle l’oublie, prosaïquement. Toutefois, le lendemain, c’est un tout autre sujet qui préoccupe Yab et ses contemporains. En effet, une fissure est apparue au milieu u sol de la cité, laissant s’échapper des fumeroles suspectes. Le professeur Haroun prévint ses collègues scientifiques : il y a des chances que leur IA soit en train de forer trop profond sous la Terre et que cela déchaîne un phénomène volcanique apocalyptique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ces Rescapés d’Eden, étonnamment publiés à un petit format (jeunesse), se trouvent à la croisée de plusieurs registres narratifs. On ne le comprend pas trop au début, mais il s’agit d’une relecture largement « fantasyste », limite parodique, du jardin d’Eden et de la Création, qui s’inspire de la science-fiction et fait des crochets par l’alerte pré-apocalyptique… mais surtout par l’humour et l’aventure rocambolesque. Sans autre prétention que celle de divertir, le scénariste Bernard Swysen met en scène un duo classique de jeunes héros, dans une civilisation à la pointe : le geek amoureux transis et une jeune fille canon et consciente de ses charmes. Ensemble, ils vont se retrouver par hasard les seuls Rescapés d’Eden, c’est-à-dire les uniques survivants d’une civilisation humaine jadis très développée. Ces Adam et Eve n’ont cependant rien de religieux : leurs considérations sont légères et funs… dans ce premier tome. On se demande d’ailleurs comment le scénariste va pouvoir conserver ce ton badin dans le ou les tomes à venir, qui ne semblent pas avoir d’autres choix que de prendre pour contexte notre bonne vieille préhistoire, sans grandes marges fantastiques. En attendant, cette mise en bouche rythmée, riche en rebondissements, en personnages attachants, en clins d’œil et vannes diverses, offre un moment de lecture agréable. Surtout que la partition du dessin est assurée par un jeune artiste encore inconnu au bataillon, mais qui montre déjà de sacrées dispositions : Siteb (de son vrai nom Jeremy Betis). Complété par la colorisation pointue d’Hugo Poupelin, son univers paradisiaque est tout à la fois minutieux, expressif, enchanteur, le tout sur 52 planches. Une bonne surprise…