L'histoire :
En raison d’un forage creusé trop profondément, la cité d’Eden a été engloutie dans les entrailles de la Terre, générant une terrible apocalypse. Un nuage de cendre a envahi le ciel et a plongé l’atmosphère dans l’obscurité pour plusieurs semaines. La vie végétale est carbonisée, la vie animale se résume à une sorte de serpent préhistorique… que Yab et Soléa, le couple adolescent rescapé se met à suivre, sans trop savoir où cela va les mener. Après des jours et des jours de marche et de survie complexe, Yab et Soléa voient enfin la fin du nuage de cendre. La végétation est de nouveau luxuriante, et avec elle des espèces préhistoriques quelque peu menaçantes ! Ils échappent de peu aux coups de bec d’un oiseau géant et aux mâchoires acérées d’un crocodile tout aussi titanesque. Ce territoire fertile leur semble néanmoins une chance. Yab construit donc une cabane dans un arbre et pour une fois, il n’est pas maladroit ! C’est un véritable petit nid idyllique qui en résulte. Le couple est alors surpris à cet endroit par une sorte de grand hominidé bleu : une jeune femme portant robe et bijoux, qui leur parle dans leur langue et dit s’appeler Isis. Elle les conduit aimablement jusqu’à son village de pyramides, leur présente son époux Osiris et les convertit en esclaves…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La relecture très premier degré, science-fictionesque, farfelue et « djeunizée » du Premier Testament se poursuit. On est tout de même ici plus proches de Trolls de Troy que de la Bible. Dans le premier tome, nous étions présentés à une civilisation développée qui courrait à sa perte pour n’avoir pas respecté la Terre – tiens, tiens, ça ne vous rappellerait pas l’aveuglement et l’angoisse de fond actuels ? Tels Adam et Eve, Yab et Soléa se retrouvent désormais les deux uniques survivants de l’humanité, dans une jungle à la fois paradisiaque, préhistorique et mythologique. Pour coller un minimum à la parabole biblique, le scénariste Bernard Swysen leur fichait un serpent à suivre et la trouvaille d’une pomme, fruit inconnu dans leur monde initial. Sur le même mode rempli d’incohérences (tout le monde parle la même langue...) et d'anachronismes (des humains et des dinosaures cohabitent), surfant sur une immense souplesse religieuse, mais pas dénué d’humour, Swysen les confronte désormais aux divinités égyptiennes : Isis, Osiris, Anubis, Seth, forment une famille complexe et se déchirent en antagonismes foutraques. La mythologie égyptienne semble s’entrecroiser étrangement avec le film Avatar (les hominidés géants bleus), mais on n’est plus à ça près. Sur cette trame de fond égyptologique, Swyssen semble surtout suivre le fil rouge des grosses vannes et il ne s’interdit aucun jeu de mot digne du Vermoch – en restant tout public ! La bonne humeur, le rythme soutenu et surtout le dessin semi-réaliste soigné et dynamique de Siteb (et la colorisation enluminée d’Hugo Poupelin) font largement passer la pilule. On passe un bon moment de divertissement sans prétention.