L'histoire :
A Cork, en Irlande, en 1477, un jeune homme qui jouait paisiblement aux dés dans une taverne, est soudainement pris en chasse par une troupe en armes. Il s’enfuit jusqu’au port où, aculé, aux abois, il jette désespérément un rouleau dans les rochers en contrebas. Une minute plus tard, il est rattrapé et assassiné. Alors que la rixe se déroule sur les remparts, en contrebas, un homme récupère le rouleau et se cache. Il s’agit du marin génois Cristobal Colomb, qui déroule la carte se trouvant dans le rouleau et en fait aussitôt une stupéfiante déduction… Quelques années plus tard, alors qu’il travaille au sein du cabinet de cartographie de son frère Bartolomeo à Lisbonne, il n’a de cesse de réclamer un financement au roi Jean du Portugal, afin d’ouvrir une nouvelle maritime vers les Indes. Il est persuadé que cette expédition sera une fabuleuse opportunité économique pour le pays… mais le roi refuse. En secret, le roi est conseillé par un certain Henrique, parfaitement au courant de l’existence de la carte du Vinland d’Harald le viking, montrant l’existence d’un nouveau continent. Ils regrettent tous deux que Colomb ait dévoilé cette carte en commission. Henrique finit par conseiller à Colomb se solliciter la reine Isabelle de Castille, fervente catholique et passionnée de récits d’exploration. Colomb s’exécute, mais il faudra encore beaucoup insister pour que la reine accepte de financer l’expédition…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les voies du seigneur est une série-concept établie dès le départ sur 4 tomes, se déroulant à 4 périodes historiques différentes, avec des lieux et des protagonistes à chaque fois renouvelés. Le seul point commun reliant ces 4 époques est la légendaire carte jadis tracée par les vikings, sans doute les premiers découvreurs du continent américain, baptisé Vinland. La précieuse relique était entre les mains de Guillaume le conquérant dans le tome 1 ; elle a participé aux croisades en Terre Sainte dans le tome 2 ; avant d’être préservée par les hérétiques templiers dans le tome 3. Il était logique qu’elle finisse par servir un explorateur célèbre qui en fait enfin bon usage dans le tome 4 : Christophe Colomb. Historiquement plutôt fiable – à condition de mettre à part l’intrigue complotiste – le récit co-scénarisé par Fabrice David et Grégory Lassablière se déroule à la manière d’une biographie centrée sur cette partie de vie de l’explorateur. Durant une première moitié d’album, obsédé par son projet, Colomb tente de convaincre les puissants d’ouvrir cette nouvelle « voie », au nom du « Seigneur ». La seconde moitié déroule son périple, les dangers de son équipage renégat, sa joie de toucher terre le 12 octobre 1492, ses désillusions sur place et la spoliation ratée de Pinzon, de retour en Europe. Habilement construite et historiquement étayée, l’intrigue se lit comme un bon thriller complotiste. On s’immerge d’autant plus facilement dans ce périple aux milles dangers, que le dessin réaliste de Jaime Caderón est une nouvelle fois riche en détails et mis en scène avec soin. Une très belle série historique se referme enfin, après un délai de 5 ans qui nous a fait craindre le pire…