L'histoire :
Lundi 02 aout 1701. Le ciel de Londres abreuve la Tamise. Le capitaine Robinson frappe à la porte du chirurgien de marine, Lemuel Gulliver. Il est question d’un voyage vers les indes orientales. Lemuel fait promettre au capitaine qu’ils ne croiseront ni géants, ni créature s’apparentant de près ou de loin aux lilliputiens. Le capitaine le lui affirme et soutient que ses gages seront à hauteur du périple. En plus de la soif d’aventure de l’intéressé, il s’agira de mettre la famille à l’abri du besoin. Il profite ainsi des derniers moments avec femme et enfants. Les cœurs se gonflent avec les voiles des navires. Dix mois plus tard au Tonkin. La situation financière de l’expédition est critique. Les frais s’accumulent, la vente de marchandises aux autochtones sera salvatrice. Lemuel embarque donc pour une mission de cabotage. Son équipage est pris dans une violente tempête qui les fait dériver vers l’Est, loin des côtes. Ils aperçoivent au loin un pavillon de pirates ! A l’abordage ! Les pirates envahissent le navire, confisquent hommes et embarcation, laissant le capitaine sur un canot en pleine mer. Il est alors seul sur cette mer hostile, sous le vent et les étoiles, jusqu’à ce qu’une île se profile à l’horizon…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bertrand Galic (Un maillot pour l’Algérie, Violette Morris) nous présente une libre et riche adaptation des Voyages de Gulliver, le roman satirique de Jonathan Swift. Il fait le choix de se pencher sur le troisième voyage, depuis Laputa jusqu’au Japon, restant ainsi fidèle au texte d’origine. Ce conte nous envoie dans des contrées lointaines et imaginaires, où se côtoient mille et une merveilles, farfelues, bizarres, terriblement attirantes. Ces voyages, aussi extraordinaires soient-ils, n’en sont pas moins surprenants de controverses. Ainsi, s’opposent l’apprentissage de la musicalité d’une langue, base de la communication et de l’échange, avec des divergences sur la force des puissants contre les besogneux. Le pouvoir de la science et ses expériences scientifiques aussi fantaisistes les unes que les autres, est positionné au-delà de la raison. La faculté de ressusciter les personnages historiques morts, la pénible immortalité, forment des associations d’idées aussi inattendues que contestées. Paul Echegoyen (Léonard et Salaï) nous propose un graphisme ciselé comme de la dentelle, à la fois fin, soyeux, fragile mais d’une réelle puissance visuelle, une force graphique valorisée par les pleines pages. Aidé par Laurent Harduin pour la colorisation, elle reste dans des tons doux, jaunes, ocre, orange, gris, rappelant par moment des premiers tracés des routes maritimes et gravures du XVIIIème siècle. Restons les observateurs discrets de ces mondes qui n’ont de magiques que le nom, où la beauté cache souvent de bien sinistres réalités. Une agréable façon de revoir ses classiques.