L'histoire :
Ludwig Fisher est un « malgré nous ». Alsacien, il a été enrôlé de force dans la Waffen SS pour servir le Führer et son Reich. Au cours de la bataille de Stalingrad, celui-ci est touché par un obus soviétique. Il se réveille quelque temps plus tard, sous une nouvelle identité, Conrad Höffer, son ennemi de toujours. A son chevet, sa sœur Hilda, même si lui a le sentiment que cette infirmière n’est pas vraiment ce qu’elle prétend être. Mais impossible d’en être sûr. Conrad a perdu la mémoire suite à son accident. Peu à peu, des images terribles de la guerre remontent à la surface, les réflexes et la santé s’améliorent. Seuls persistent les cauchemars : Conrad rêve qu’il se tire une balle dans la tête, il rêve de boîte crânienne explosée et de cervelle éparpillée. Même s'il semble se rétablir, Conrad est toujours en proie à des hallucinations schizophréniques, résultats d’une expérience combattante traumatisante. Alors que le médecin chef semble tomber amoureux de Hilda, Conrad parvient peu à peu à reconstituer le puzzle de son passé, encore assez confus. Et celui-ci le terrifie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Troisième volet de la série Malgré Nous, pour Thierry Gloris et Marie Terray, avec pour sujet central le destin de Ludwig Fisher, alsacien enrôlé de force dans la Waffen SS. Ici, le scénariste délaisse un peu l’aspect historique au profit du traitement de la romance entre les deux personnages principaux, Hilda et Conrad. Bizarre, direz-vous : ils sont censés être frère et sœur ! (on en dira guère plus). S’appuyant notamment sur les délires paranoïaques de Conrad qui est en fait Ludwig Fisher, le scénariste déroule un fil directeur faisant la part belle à l’amnésie du malade, qui peu à peu recouvre la mémoire et la santé. C’est aussi une histoire sur la quête d’identité de Conrad, franchement paumé après avoir été ballotté ente l’Alsace, l’Allemagne et l’URSS. Qui est-il ? Voilà une des questions auxquelles répondra le scénario. Outre la nature des relations qui évoluent au fil de l’album, c’est surtout la naissance des sentiments et leur révélation qui est abordée. Dialogues justes, rythme fluide, émotions palpables, l’ensemble est maîtrisé. Pourtant, ce tome vite lu déçoit un peu, car le romantisme convenu prend trop de place par rapport à l’aspect historique, avec le sentiment d’un scénar léger sur la longueur. Le doux dessin réaliste de Marie Terray, à l'aquarelle et en couleurs directes, est quant à lui toujours aussi séduisant, très pictural et élégant, dans la veine d’un Gibrat. Même s’il a tendance parfois à figer les personnages, trop ou pas assez expressifs. Bref, un tome de transition d’une lecture agréable, mais laissant sur sa faim.