L'histoire :
La lutte politique qui oppose les Saint-Pierre aux Saint-Mathieu prend maintenant l’aspect d’un duel personnel entre les héritières des deux familles qui se disputent le pouvoir depuis des siècles. Toutes deux expertes dans le maniement du sabre, Marie Saint-Mathieu et Mardi Saint-Pierre se toisent et se galvanisent l’une l’autre, en attendant la confrontation finale, inéluctable. Pourtant Frédéric Caroll, chef des légitimistes d’un naturel agitateur, plaide cette fois pour un règlement politique de ce conflit séculaire, à travers la mise en place d’une république. Au milieu des deux jeunes femmes, dont la soif de sang – et de sexe – ne fait qu’empirer, le commissaire Nicolas Brentano, amoureux fou de Marie, est totalement dépassé par les évènements…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au scénario de cette tragédie moderne en 3 actes, Frédéric L’homme réussit avant tout à pondre une ambiance étrange, au sein d’un monde imaginaire vaguement inspiré de la campagne de Russie napoléonienne, mais largement teinté de steampunk. A partir de ces éléments, il aurait très bien pu se contenter de mettre en place une simple histoire de prise de pouvoir politique. Cela aurait donné lieu à un récit peut-être sympathique, mais sans doute trop consensuel à son goût… Car au lieu de cela, dans ce dernier épisode, l’homme enfonce encore le clou dans le registre de l’outrance, de l’ambiance malsaine et des scènes choquantes. Les rapports ambigus qu’entretiennent les deux jeunes femmes se noient dans une narration très floue, largement suggérée, qui fait la part belle à un esthétisme innovant. Le dessin de Régis Penet se complète d’ailleurs fort bien de la colorisation de Fabien Alquier. On nage en permanence dans une forme de bichromie (noir-blanc-rouge) monopolisée par les thématiques du sang, du sexe et du théâtre, dans toutes leurs extravagances. Les dialogues, parfois grossiers dans la bouche d’une femme enfant, participent largement à ce que l’on peut considérer comme de la provocation. Ils alternent toutefois aussi avec une forme de poésie contemporaine néanmoins très intéressante. Ce trouble dure ainsi jusqu’à la dernière planche, qui remet toute l’histoire en cause ! Au final, le récit acquiert tout au long de la trilogie une intensité particulière, mais sans parvenir à être pleinement convaincant. Curieux et à réserver à un public averti…