L'histoire :
Une nouvelle fois, Florence est triste, délaissée par un Médicis : Alexandre, duc de Florence fainéant et débauché. C’est un tyran obscène et violent, qui abuse de ses privilèges et se sert de son cousin, Lorenzo, surnommé Lorenzaccio, pour organiser des orgies. Mais Lorenzo, hanté par la mauvaise réputation de son cousin dans les rues de Florence, ainsi que par les brimades d’Alexandre, le tue. Florence est libérée, heureuse. Mais Lorenzaccio s’enfuit, alors que le pouvoir lui tend les bras. Les grandes familles décident de se choisir un Médicis qui a grandi dans l’ombre, sans ambition ni talent apparents. Mais dès qu’il se retrouve en place, Cosme se révèle être un chef impitoyable, ne reculant devant aucune manipulation pour arriver à ses fins. En un rien de temps, il débusque ses ennemis et les écrase, avec l’assentiment de Charles Quint. Il n’a pas 20 ans et il est déjà le maître absolu de Florence. Personne n’a rien vu venir. Il a passé sa vie à se cacher…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Un Médicis reste un Médicis : Cosme 1er montre à tous qu’il ne faut jamais sous-estimer cette glorieuse famille. Celui-ci a grandi dans l’ombre de ses cousins : Alexandre, le plus vieux, choisi par le pape pour devenir duc de Florence, et Lorenzo, qui est le Lorenzaccio de la pièce d’Alfred de Musset. Le « accio » est un suffixe péjoratif en italien. Lorenzo a gagné son surnom alors que, adolescent à Rome, il se vautre dans la débauche et, un soir d’ivresse, décapite plusieurs statues de l’arc de Constantin. Plus jovial, plus direct, plus lumineux que son cousin Cosme avec lequel il a grandi, il est le favori de leur cousine Catherine, qui va devenir reine de France et régente du royaume jusqu’à la majorité de Charles IX. Mais Côme, fils d’un condottiere, un homme de guerre, a grandi dans le secret. Il n’a rien laissé présager de ses qualités ni de ses ambitions, et le lecteur est sidéré par cette leçon de politique qui cache un noir secret et de nombreux regrets… Un nouveau tome passionnant sous la plume d’Olivier Peru, facile à lire malgré les informations, ainsi que les nombreux récitatifs. La voix de la narration, Florence elle-même, est toujours aussi souveraine et énigmatique. La narration en elle-même est dynamique et déroule sans coup férir ses secrets et ses coups de théâtre. On entre peu à peu dans l’âme tourmentée de cet homme d’Etat. Le dessinateur change une nouvelle fois au côté de Péru. C’est Francesco Mucciacito qui, cette fois-ci, brosse des paysages magnifiques et nous livre une Florence majestueuse et sereine, malgré les intrigues et les trahisons. Ses compositions sont très belles. En revanche il y a un peu moins de mouvement et d’expressivité chez les personnages dans ce tome que dans les précédents. On s’y attache moins, alors que c’est probablement le plus intimiste. C’est d’autant plus dommage que les couleurs sont une nouvelle fois livrées avec beaucoup de soin par Digikore Studios, et les sépias qui nous renvoient aux jeunes années de Cosme et Lorenzo se révèlent d’une belle douceur. L’ensemble reste magnifique et passionnant.