L'histoire :
Pierre de Médicis n’a ni la science, ni l’intelligence de ses prédécesseurs. En fils de grande famille, il se laisse vivre et porter par ses envies et ses passions. Il est décadent et manque cruellement de discernement. Pourtant, un danger imminent le guette dans sa cité : le moine Savonarole, fou de Dieu, inquiète ses frères, Jean, Julien et surtout Jules. Savonarole prêche la violence contre les impies, Médicis et pape Borgia en tête. Nous sommes en 1494, et la France vient de se doter d’un roi jeune et puissant, l’Espagne a découvert le Nouveau Monde. Alors que Pierre n’oppose que mépris au déclin de sa ville, et que le prêcheur prospère sur cette décadence, Charles VIII traverse les Alpes pour réclamer ses droits sur le Royaume de Naples. Pierre, qui s’est allié sans y réfléchir avec les napolitains, se retrouve contraint de se jeter aux pieds du Roi de France pour ne pas être écrasé. Incapable de négocier et de s’affirmer, il laisse les Français s’essuyer les pieds sur Florence comme sur un paillasson. C’en est trop pour Savonarole et son parti populaire, qui le forcent à s’exiler à Rome…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour ce troisième tome de la série, les Médicis sont à nouveau en difficulté et forcés à l’exil de leur mère patrie, Florence. La faute à la faiblesse et à l’incurie de leur représentant, Pierre. La faute aussi à ce prêtre qui prêche violemment dans ses murs, Savonarole. Mais ses jeunes frères vont reprendre la ville en main, dans une partie à trois tendue et retorse avec le jeune Nicolas Machiavel et la famille Borgia… La tension dramatique est à son comble dans ce tome et Olivier Péru livre une partition magistrale, qui donne à chacun des quatre grands protagonistes historiques (Jules Médicis, Nicolas Machiavel, César Borgia, Savonarole), une place intéressante dans son récit, parfaitement enchâssé dans l’Histoire. Les dialogues sont efficaces et servent bien le déroulé de l’intrigue. Les récitatifs, par la voix de Florence elle-même, sont délicieusement imagés. On va de rebondissement en rebondissement, de coup dur en trahison. Il fallait s’y attendre, avec l’un des plus grands théoriciens de la politique, et les deux familles les plus illustrement sans scrupule de l’Histoire européenne. On retrouve Elodie Jacquemoire aux couleurs et un duo Lucio Leoni et Emanuela Negri (qui ont déjà travaillé sur Oracle) aux illustrations. Précis et riches, les dessins nous plongent littéralement dans l’Italie de la Renaissance, et les plans larges sur Florence sont magnifiques. Le séquençage est riche et propose des plans variés (Ah, le saisissant autodafé d’œuvres d’arts de Savonarole, le premier « Bûcher des Vanités » !). Cet album, habillement mené, est probablement le meilleur de la série (par ailleurs excellente) jusqu’à présent.
