L'histoire :
Comme tous les matins, Vananka se réveille après avoir fait un rêve malsain. Toxicos, violence, un type qui joue de la guitare sur une scène. Une douche, un café et Vananka part bosser. Mais ce n’est décidément pas son jour. Son boss hurle sur lui et le vire. L’épicier du coin lui réclame une ardoise de 163$ laissée par sa mère, pour de l’alcool. Il découvre enfin sa mère morte dans son lit, imbibée de médicaments et d’alcool. La descente aux enfers se poursuit après l’enterrement : il hérite de 31 000$ d’impayés et doit vendre sa maison et tout ce qu’elle contient. Vananka part sur les routes tel un vagabond, une guitare sur l’épaule, sans projet ni destination. Sans trop savoir pourquoi, il prend la direction du Mexique, en stop. Au gré des routiers et des bétaillères, il passe la frontière à El Paso et se retrouve à Ciudad Juarez, la ville la plus dangereuse du monde. Il monte dans le wagon marchandise d’un train, dont la porte est ouverte. Il descend dans un patelin désert et aride. Là, un vieux shaman et son fils aveugle lui accordent l’hospitalité, généreusement. Vanaka grimpe dans leur pick-up et quelques kilomètres plus loin, il découvre une mignonette maisonnette isolée. Dans le potager, il y a Leila, une bombe sexuelle, toute aussi accueillante que son grand-père et son neveu. Vananka n’en revient pas. Il se met à aider aux tâches quotidiennes, ne ménage pas sa peine et tombe totalement amoureux de la jeune femme. Jusqu’à ce qu’un jour, se pointe son cousin Felipe, un caïd de la mafia, en compagnie de ses hommes…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
2022 commence à peine et voilà déjà, sans doute, l’aventure qui défouraille le plus de l’année ! Ne cherchez pas de vraisemblance au scénario linéaire et très premier degré, ni ne psychologie de personnages crédible : tout a entièrement été élaboré pour permettre l’action débridée, et offrir des séquences incroyables, voire surréalistes. Un chien qui fume, des bikers qui font des chorégraphies sur leurs Harleys tout en roulant, d’autres assassinés sans scrupule dans des délires gores, une histoire d’amour improbable avec une bombasse, des résurrections culottées, des fusillades et des explosions à faire pâlir Quentin Tarantino de jalousie… On peut ajouter aussi des répliques directes, qui ne font pas dans la dentelle et mélangent allègrement les clichés issus des cartels mexicains et les références à la culture mainstream franchouillarde. Au dessin, Jef se régale, faisant varier son trait fin de décors hyper réalistes et détaillés à des expressions ultra caricaturales. Certaines cases (de foules, de bastons, de contemplation…) se montrent saisissantes d’équilibre et de profondeurs. Quel boulot ! La phrase philosophique qui clôt le premier chapitre donne bien le ton : « Qu’y a-t-il de mieux dans la vie ? Un pétard bien tassé, une guitare, un paysage grandiose et la perspective d’une séance de baise… ». Ne vous inquiétez pas, vous y aurez droit, à ladite séance, et ce passage réserve clairement ce one-shot épais (186 pages !) aux adultes. Cela dit, ce monument délirant, qu’apprécieront pas mal les adeptes du genre, part dans tous les sens sans trop se préoccuper de la finalité… et ça se sent… surtout vers la fin.
