L'histoire :
Lors d'une expédition en Amérique du sud, le professeur Challenger assiste aux dernières minutes de vie d'un homme, un albinos, recueilli dans une tribu indigène. Celui-ci a des morsures sur le flanc, d'une taille largement supérieure à ce qu'on peut couramment concevoir. Avant de mourir, l'albinos crie l'existence d'un « monde perdu ». Challenger retourne au Royaume-Uni avec le carnet de l'homme sous le bras. Deux années passent. A Londres, les derniers passagers montent à bord du Francisca. Une expédition dirigée par Challenger doit se rendre dans ce mystérieux coin d'Amérique du Sud, où se situe potentiellement ce monde perdu. Parmi les membres, un confrère de Challenger, Summerlee, ne partage pas les mêmes opinions scientifiques que lui. Il y a aussi Malone, un journaliste qui doit réaliser un article pour son journal et Roxton, un chasseur réputé. Cette fine équipe est rejointe là-bas par Pablo, un indien connaissant bien l'Amazonie. Accompagnés de plusieurs porteurs et hommes de main, ils embarquent à bord d'un bateau et remontent le cour du fleuve, en suivant les données laissées par l'albinos...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1912, Sir Arthur Conan Doyle (papa de Sherlock Holmes) eut l'idée d'emmener ses lecteurs dans une folle aventure les conduisant dans un Monde perdu. Dans le roman originel, une expédition se met en quête d'une contrée disparue, qui n'aurait subi aucune évolution depuis la préhistoire. Ce célèbre roman a déjà bénéficié de plusieurs adaptation en BD ou en manga (par Osamu Tezuka). L'efficace Christophe Bec s'atèle aujourd'hui à la tâche, toujours délicate, de l'exercice d'adaptation. On est plutôt habitué à ce que le scénariste explore des univers fantastiques ou horrifiques... mais rappelons que l'auteur a parfaitement su surprendre avec le diptyque Royal Aubrac ou Wadlow. Dès les premières pages de ce Monde perdu, Bec nous immerge dans l'époque et dans l'aventure. La narration est très fluide et ne souffre d'aucune ellipse grossière ou handicapante pour la compréhension de l'histoire. Bec ne fait pas qu'une simple transposition littérale du roman : le scénariste prouve son amour du récit original en emmenant avec lui le lecteur dans ces terres inhospitalières et dangereuses. Certes, on pourra reprocher à ce premier opus de prendre son temps, mais c'est au profit du suspens, et c'est intelligemment rythmé, en évitant les longueurs et les dialogues inutiles, tout en instaurant de véritables interactions entre les protagonistes. Les dernières pages suffisent à elles seule à montrer que Bec a réussi son pari en donnant clairement envie de lire le prochain volet. Les dessins sont assurés par des auteurs italiens, Mauro Salvatori et Fabrizio Faina. Le duo n'avait pas vraiment emballé sur Trust, néanmoins, cette fois-ci, le résultat est très correct. Le trait réaliste et les décors soignés fonctionnent et participent à la réussite de l'album. Le monde perdu a influencé de nombreux auteurs, dont Michael Crichton et son Jurassic Park, et dont désormais Christophe Bec. Prêts pour l'aventure ?