L'histoire :
Les agents du FBI ont désormais établi que le crash de l’avion dans le Nebraska a été provoqué par une intelligence artificielle devenue autonome et menaçante pour le genre humain. Cette entité voulait ainsi protéger la divulgation de son existence, que s’apprêtait à faire un ex-informaticien de la NSA qui se trouvait à bord. En remontant la piste de cette IA, l’équipe emmenée par Fisher et Mallow ont aussi déterminé qu’elle a été créée par une « dream team » d’informaticiens de la NSA. Une intervention commando est aussitôt organisée sur le QG de ces hackers de haut-niveau. Or non seulement ces derniers ont pris la tangente, mais en sus, le FBI se fait doubler par le NSA lui-même, chez qui travaille désormais Roxanne. Au passage, Mallow est blessé à l’épaule, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre ses investigations au sein du FBI, le bras en écharpe. Pendant ce temps, dans un building de Chicago, la dream team tente de vendre les clés de son IA à des mafieux chinois, pour plusieurs milliards de dollars. Les chinois sont toutefois méfiants et ils veulent comprendre l’origine du black out qui a récemment coupé l’électricité sur la côte Est. L’entité serait-elle devenue incontrôlable ? La réponse est pire : elle s’est dupliquée et ses « enfants » sont entrés en rivalité, devant chacun maître d’un morceau du territoire. De fait, ce n’est que le début des perturbations…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’intelligence artificielle ultime, celle qui utilise le Net à l’échelle planétaire, qui est devenue autonome et critique pour le genre humain, est un vieux fantasme catastrophiste de science-fiction. De Terminator au Cobaye en passant par Lucy, ses exploitations pullulent au cinéma. Le duo de scénaristes Ange s’en empare pour problématique de fond de ce second cycle de Nemesis, qui se clôt ici en diptyque. L’ambiance de fond est celle de l’espionnage, avec une rivalité stérile – et un tantinet biscornue – entre FBI, NSA et des hackers de la NSA devenus indépendants. Sans oublier un autre fantasme de SF : celui qui permet à l’IA de prendre le contrôle d’un être humain, un biais classique et pratique afin de donner un visage à cet ennemi indicible. Une hypothèse bien réelle de notre époque propose d’ailleurs de considérer que cette IA existe déjà, suivant un moteur humain imperceptible et pernicieux, bel et bien nuisible envers l’humanité : il s’agit de l’interaction ultra-véloce et perverse entre les réseaux sociaux, médiatiques, économiques, politiques et financiers. Mais revenons à Fisher, Mallow et consort. La problématique de fond est donc riche et la dimension de ses répercussions mondiales, qui donnent le tournis, est bien cernée par Ange. Le petit hic vient d’un manque de fluidité narrative au niveau des engagements des protagonistes, de leurs rapports ambigus. Le double jeu de Fisher reste flou ; et finalement qui travaille avec ou contre qui ? On s’y perd un peu. Les dernières pages restent aussi bien évasives sur la solution donnée à tout cela. Alain Janolle demeure quant à lui dans une veine graphique semi-réaliste cohérente et plaisante, avec des cases dynamiques spectaculaires lorsque les catastrophes en chaine se produisent.