L'histoire :
La neige n’a de cesse de tomber sur la terre d’Ethyl comme pour recouvrir les vestiges d’un monde dévasté. La loi des cycles. Immuable et éternelle, elle fait se côtoyer tout et son contraire jusqu’au moment fatidique où l’un chasse l’autre. May se souvient encore de ce jour où la vie bascula. Adultes, vieillards et enfants se chamaillaient comme au quotidien dans les rues commerçantes et animées. Dernières bribes d’existence… Car non loin, le traître Aghiis donnait l’ordre protocolaire de mise à feu du projet « tonnerre pourpre ». Cinq, quatre, trois, deux, un… Le monticule de terre sur lequel reposent les trois obélisques de cristal, plane à présent au-dessus de l’insouciante cité. Bientôt Gadès sera rayée de la carte. Suspendu entre les pylônes, le vampire originel Zéphyr fournit son énergie à la terrifiante arme de destruction. Un éclair rougeâtre déchire le ciel et frappe de plein fouet des bâtiments aussitôt balayés. Le dôme formé par le souffle de l’explosion emporte les édifices comme les hommes. Il ne reste rien qu’un cratère béant. Prostrés sur une corniche, la farouche Dolorès, la petite May et l’impétueux Alex décident en urgence d’en avertir le roi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voilà tout juste cinq ans (janvier 2001), sortait le premier tome de Nocturnes rouges, une « énième » (?) série d’héroïc-fantasy parue aux éditions Soleil, dont le premier cycle se termine aujourd’hui avec ce 4e volet intitulé intelligemment « une seconde chance ». Encore une histoire éculée de vampires, penseront certains… Sauf que celle-ci devait, à l’origine, naître dans un tout autre contexte. Elle fut alors, sur les conseils de Christophe Arleston (Lanfeust de Troy…), adaptée à la ligne éditoriale souhaitée. Qu’importe, les atouts de la série sautent rapidement aux yeux : un graphisme très incisif et dynamique inspiré du manga (d’où son affiliation à la collection « Soleil levant »), une mise en couleurs attrayante jouant sur l’ensemble des tons classiques du style (signée Florence Torta) et un scénario béton. En effet, nulle trouvaille narrative géniale, mais le récit demeure des plus rythmés grâce à un découpage intelligent et un respect judicieux du tempo choisi. L’intrigue n’apparaît donc en rien révolutionnaire et propose quelques clichés. Cependant, tout l’intérêt de l’œuvre réside dans sa construction et un savant dosage d’actions et de réflexions. « Efficace » semble le qualificatif adéquat. « Attachant », ajouteront d’autres. Et puis, cette conclusion ouverte aux antipodes du happy-end hollywoodien, offre bien des potentialités et mérite une suite annoncée… probablement pas dans l’immédiat. Car, surtout, l’auteur Emmanuel Nhieu y a gagné une solide notoriété et « une seconde chance » d’exprimer ailleurs son talent…
A noter : en boutique, le premier épisode est offert avec ce 4e tome, pour les petits veinards qui ne connaîtraient pas encore la série.