L'histoire :
La mythologie nordique repose sur des textes qui ont été écrits au XIIIème siècle, soit plusieurs siècles après la christianisation de ces territoires. Il est donc à craindre que la patte de l’Eglise ait édulcoré en grande partie les légendes provenant de la tradition orale. Néanmoins, ce qui en reste est fondamentalement assez proche du châssis de la mythologie grecque, à quelques hiatus près. Et notamment, dans les traditions scandinaves, une place plus importante est donnée à la nature, à la vie et à la mort. Les dieux nordiques sont par exemple mortels. Pour le reste, traditionnellement, tout est parti du chaos, d’un abîme sombre appelé Ginnungagap. Au Nord et au Sud de ce chaos, sont apparus deux mondes antinomiques : le royaume de la chaleur et de la lumière, le Muspellheim, et le territoire du froid et des ténèbres, le Niflheim. Au centre, se trouvait la fontaine Hvergelmir, de laquelle partaient 12 fleuves. De la conjonction entre la chaleur et de la glace, naquit Ymir, un géant de givre. D’une goutte de sueur sortie de l’aisselle de dernier, deux autres géants « Jötunns » sortirent, un homme et une femme. Puis un troisième sorti des pieds d’Ymir, après qu’ils se soient accouplés (!?). Ainsi put commencer une lignée de géants qui vivaient dans le Nilfheim. Parmi eux, trois deviendront des divinités : Odin, Vili et Vé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Animée par le charisme de Benjamin Brillaud, un jeune historien au physique de pilier de rugby, la chaine vidéo Nota Bene décrypte tout un tas de points historiques, en de courts sketchs riches en informations et balancés à grands renforts de vannes et d’expressions de notre époque. Il en allait de même jusqu’au tome précédent, avec les recueils d’historiettes adaptées en BD qui alternaient les focus sur tel roi, telle personnalité historique connue, toutes époques et tous pays confondus. Ce troisième tome marque un sérieux distinguo en s’emparant entièrement et d’un seul tenant de la mythologie nordique. Abandonnées les historiettes courtes et synthétiques ; délaissée l’authenticité historique. Car par définition, la mythologie s’intéresse moins aux faits, aux romans nationaux, qu’aux légendes fantastiques venues du tréfonds des âges, et qui ont abouti par tradition orale aux religions, aux folklores, aux psychologies de masse des peuples. L’idée de s’intéresser aux mythes nordiques fait cependant sens avec le 9ème art, étant donné que ces légendes reviennent souvent, de Thorgal en passant par Serpent dieu ou encore le personnage de Thor dans les comics Marvel. Avec l’aide narrative de Mathieu Mariolle, et la griffe graphique humoristique de Christian Paty, Brillaud met en scène Odin, son frère démoniaque Loki et toute leur clique Thor, Freyja, Baldrr... Ils guerroient, chassent des géants, se font des coups fourrés et au final, posent les piliers de la création et construisent l’équilibre d’Yggdrasil, l’arbre-monde, à grands renforts de créatures dingues et dantesques (le loup Fenrir, le serpent Jörmungand, le chien des enfers, le cheval à huit pattes Sleipnir…). On retrouve évidemment des éléments clés et clins d’yeux à de célèbres sagas, de Siegfried au Seigneur des anneaux, en passant par Astérix. Dense, légèrement rigolo et fichtrement intéressant, comme toujours dans Nota Bene.
