L'histoire :
Dans un futur peu reluisant, les puissants tentent de reconstruire une société qui a abusé de sa capacité de consommation. Gand, un pauvre hère, déambule dans une friche militaire oubliée, la zone interdite 51. Il se pose pour le goûter et constate qu’il n’a rien à grignoter. Soudain, apparaît devant lui un paquet de Pépitos ! Il pense alors très fort qu’il a soif et pouf… apparaît une bouteille de bière ! Quelques années plus tard, le gouvernement s’inquiète du formidable pouvoir accordé par ce que l’on appelle dorénavant la mystérieuse « zone blanche ». Un lieu où le moindre désir s’exauce à l’instant où on y pense, et en général de manière très surprenante. Une jeune femme très sexy, l’agent Ashley du FBI, est alors envoyée à la rencontre du « mystagogue » Gand qui a découvert la zone, à des fins d’études. Sur place, Gand auto-analyse avec philosophie et beaucoup de détachement, le pouvoir de cette zone totalement incontrôlable. C’est alors que deux autres individus, un tueur à gage hyper baraqué et une brute monstrueuse écervelée, débarquent eux aussi dans la zone à la recherche de Gand… mais pour le flinguer.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Contrairement aux apparences, ce One shot – qui comme son nom l’indique, est un… one shot – est loin d’être totalement inepte. En fait, le scénario d’anticipation fantastique de Dominique Latil entremêle le pire et le meilleur. D’un côté, on peine à franchir des séquences de série Z : violence dispensable, narration décousue, dialogues simplets, humour de mauvais goût (les coups de tatane laissent l’empreinte du logo de la semelle sur la face des tabassés…). De l’autre, le personnage de Gand se laisse aller de temps en temps à des réflexions vraiment intelligentes qui éclairent le fond du propos. Ce faisant, Latil touche quelque chose de juste et de puissant en décapant le matérialisme de nos sociétés. Tout n’est que question de pouvoir, comme celui accordé par cette zone 51 de faire apparaître – certes parfois de manière chaotique – tout ce qu’on veut ! Il aborde également avec détachement le sens de nos démocraties, dès lors que les masses sont manipulées pour arriver aux mêmes fins qu’une dictature. Voire même, plus globalement, la différence entre vouloir et pouvoir et, tout au bout, du sens de la vie (carrément). Dommage que tout cela soit embrumé dans un graphisme criard, flou, obscur, nébuleux… qui doit pourtant refléter un sacré talent, une fois débarrassé de l’excès d’effets informatiques. Un sentiment mitigé et confus transparaît au terme (en queue de poisson) de cet OVNI…