L'histoire :
La guerre est terminée et pourtant l’hiver ne semble jamais vouloir finir. La neige tombe en flocons abondamment rendant difficile toute progression. Néanmoins une voiture parvient tant bien que mal près de la voie de chemin de fer où l’attend le wagon du maréchal. Philippe Pétain, le vainqueur de Verdun et maintenant commandant des armées, observe pas la fenêtre le blanc spectacle immaculé ; la terre a tant souffert durant ces années qu’elle paraît aujourd’hui vouloir oublier, recouvrir les plaies béantes qui la défigurent. Le pli qu’attend le maréchal est vital pour l’honneur de la France. Parmi des milliers de lettres de poilus, le service de renseignement des armées en a sélectionné une vingtaine pour leur moralité et leur patriotisme, celles qui semblaient les plus représentatives de l’esprit de sacrifice et de combativité des soldats, ces héros morts pour la France… La tragédie avait commencé un été en 1914. Alors que les moissons approchaient, les hommes avaient été mobilisés. Des hommes comme Henri Aimé Gauthé, fils d’un limonadier de Château-Chinon, point trop beau ni trop laid et cependant qui savaient que, quelque part, quelqu’un les espéraient
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour commémorer le 80e anniversaire de l’armistice, Radio France lança un appel à ses auditeurs afin qu’ils envoient les lettres de combattants de la Première Guerre en leur possession. Ces Lettres et carnets du front 1914-1918, publiés et devenus aujourd’hui un best-seller, Soleil (en partenariat avec France Inter) a eu la bonne (excellente !) idée d’en choisir une vingtaine et de les adapter en bande dessinée. Pour ce faire, de talentueuses signatures ont été conviées parmi lesquelles Mathieu Lauffray (Prophet), Denis Bajram (UW1), Juanjo Guarnido (Blacksad), etc… Du coup, les styles déployés sont éclectiques, parfois quelques planches, parfois une seule, double et pleine. A ce petit jeu, nul vainqueur (tous se sont appliqués/impliqués) mais des sensibilités diverses qui toucheront un large lectorat. Citons tout de même, le travail froid en couleurs directes de De Metter, un expert du genre (le Sang des Valentines) ou celui perfectionné à l’extrême de Juan Giménez (la Caste des Méta-barons) ou encore le N/B cinématographique de Franck Biancarelli (le Livre des destins), etc… Vous l’aurez compris, toutes ces illustrations donnent le frisson. Bien sûr, les missives « rescapées » ont toutes été passées au crible de la censure militaire et vous n’y trouverez pas de brûlots pacifistes. Bien sûr rédigées à la première personne et adressées à leurs proches, elles nous invitent à partager l’enfer des tranchées. Néanmoins, plus que cela, elles donnent une idée intime du courage qu’il fallut à ces hommes pour chaque jour tenir, faire front, de la profonde humanité de combattants, morts pour la plupart, pour leurs familles, pour la France…
