L'histoire :
Depuis que Petit Pierrot s’est entiché de la jolie petite Emilie, son compagnon l’escargot a le sentiment d’être devenu aussi invisible que ces tableaux qu’on a décroché aux murs des musées : il n’en reste que les traces, vestiges du temps heureux où ils étaient admirés. Vous pourrez appeler cela de la jalousie si ça vous chante, mais force est de reconnaître qu’il ne se contente pas de ne plus le voir, mais également de ne plus l’entendre ! Alors, tandis qu’un exercice de mathématiques est l’occasion pour Pierrot et Emilie d’une balade en plein milieu d’une série de toiles de Monnet, notre sympathique escargot n’a plus qu’à se creuser la tête pour éviter d’être oublié. A moins qu’il soit plus urgent de trouver le moyen d’éviter qu’un ballon n’explose le dernier étage d’un beau gâteau…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Frimousse à double soucoupes, orientées vers ce joli croissant lumineux. Cousin à peine éloigné du Petit Prince se gardant de demander qu’on lui dessine un mouton. Ou encore éternel et à jamais heureux naïf équipé d’un escargot pour compagnon (à tendance Jiminy Cricket)… Sous le trait choyé d’un habituel spécialiste du dragon et d'autres épées affûtées, Petit Pierrot nous offre depuis 3 opus une pause en poésie avec un bel édredon d’onirisme et les battements d’un cœur enfantin. Pour ce troisième voyage, le principe reste le même : une déclinaison de saynètes extraites du blog éponyme et jouant l’entrelacs naïf, tendre, imaginaire et malicieux. Cette fois, il manquera peut-être un petit fil conducteur judicieux pour empêcher que l’album ressemble à un catalogue d’illustrations, plutôt qu’à une véritable porte d’entrée dans l’univers savoureux du petit bonhomme et de son escargot érudit. Il y a bien cette amourette avec ce petit bout de fille trognon d’Emilie... mais c’est loin de constituer un des éléments phares du propos. Reste une succession d’idées pas toujours très accessibles, aux chutes humoristiques, malicieuses ou poétiques, moins percutantes que précédemment, ainsi que l’impression d’un empilage qui manque peut-être un peu de cohérence. Au final, on rangera sur l’étagère un bel objet. Quelques pages pour les yeux, plutôt qu’un trésor touchant à transmettre à tous ceux qui ont oublié qu’ils ont été enfants.