L'histoire :
17 mars 1844. Arme et lanterne en mains, l’officier des douanes Mathorel arpente les rochers glissants de l’Ile de Tomé. Ce qu’il cherche, il ne le trouve pas ce soir là… et il ne le trouvera jamais : on le retrouve au matin assassiné, nu dans les récifs et le ventre couvert d’inscriptions à connotation religieuse. 17 années plus tard, Julien Le Denmat, jeune lieutenant des douanes nouvellement affecté à la surveillance de 7 îles au large de Perros-Guirec, prend ses quartiers. L’endroit semble particulièrement bien aménagé pour la fraude. Néanmoins, il apprend bientôt de ses subalternes qu’hormis le surnommé Treïd-Noaz (nu-pieds) qui trafique un peu à l’occasion, le pays n’a guère affaire aux contrebandiers et autres brigands. Il semble que Gonéry Lézongar, le maire, tienne ses administrés d’une poigne de fer, empêchant la moindre envie d’infraction de s’immiscer dans leurs cerveaux. Pour exemple, il a même répudié ses propres frères, partis vraisemblablement en Angleterre, pour avoir fraudé. Aussi, notre jeune lieutenant est-il pressé de faire connaissance avec ce patriarche qui en sait beaucoup sur l’histoire, les us et coutumes de l’île. Mais plus que le père, c’est par la fille que Le Denmat est immédiatement séduit. Conquis au point, dés lors, de ne plus pouvoir la chasser de ses pensées. Rien de tel pour y parvenir, de prendre la mer dès le lendemain pour faire un tour du coté de Tomé et y apprendre sa mystérieuse légende…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Le sang de la sirène et Le gardien du feu, François Debois prend plaisir à retrouver l’œuvre d’Anatole Le Braz en associant, pour ce oneshot, deux nouvelles de l’écrivain folkloriste breton. Cette fois, le Noroit nous pousse vers quelques îles juchées au large de Perros-Guirec, pour une intrigue mêlant romance, contrebande et superstition. En compagnie d’un jeune lieutenant des douanes éclopé et dans un décor aussi ciselé que la psychologie de ses habitants, nous tenterons de comprendre ce qui a pu arriver à l’un de ses prédécesseurs. Quelques 17 ans plus tôt, le bonhomme a en effet été retrouvé le ventre à l’air, servant de repas aux goélands, au milieu des récifs de l’île de Tomé. Dans cet univers particulièrement propice au mystère, on se laisse agréablement capter par l’histoire, même s’il faut reconnaitre que son dénouement n’appelle ni de surprises, ni de rebonds. Pour autant, les protagonistes restent particulièrement bien campés, certains parfois un peu verbeux, mais tous avec une part de mystère prompte à nous titiller constamment. Le personnage central, quant à lui, s’attache immédiatement notre intérêt, en raison de ses valeurs, ses souffrances ou ses doutes qui le rendent profondément humain. L’équilibre romance, histoire culturelle bretonne, suspens policier scelle définitivement notre approbation pour ce qu’il permet parfaitement de se fondre dans le paysage qu’a choisi de mettre en valeur le récit. D’ailleurs, le dessin n’est pas en reste (agrémenté d’une sympathique colorisation impeccablement contrastée). Il y a peut-être parfois une tendance à figer photographiquement l’action, mais l’ensemble est minutieusement travaillé (relief, décors, costumes…). En tous cas, particulièrement efficace et porteur de l’atmosphère recherchée.