L'histoire :
Dans ce futur post-apocalyptique, après qu’une guerre chimique et bactériologique ait fait rage, Kama est un mutant à tête de loup, un combattant hors pair. Lors d’une attaque de son village par un gang de mutants assoiffés de violence, il sauve un prêtre extralucide. Pour le remercier, ce dernier lui livre sa vision : l’endroit où Kama pourra retrouver sa sœur Misaki, enlevée depuis des semaines. Il lui faut se rendre à Sangpok, mégapole en ruine détenue par des bandes de pillards rivales qui luttent pour la domination du territoire et pour le monopole du Yajé. Cette drogue puissante décuple les capacités cérébrales mais plonge les dépendants dans d’interminables états de méditation… dont certains ne ressortent jamais. Or ce marché juteux se partage actuellement entre le clan du buffle et celui du singe… celui même qui a enlevé Misaki. En compagnie d’une poignée de compagnons, Kama se met en route. Il traverse une décharge infestée de cafards géants, trouve un passeur qui lui évite le droit de « péage » du clan des vautours, et trouve une alliée curieuse : une jeune femme d’une grande beauté, elle aussi motivée par une rencontre avec le singe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le principe des one-shots de la collection Fusion se caractérise toujours par un scénario franco-belge, « mis en forme » par des artistes coréens. Car plutôt que de parler de dessin, parlons plutôt de traitement informatique et de palette graphique. Ici, Mook fait montre d’un talent indéniable, au moins pour ce qui concerne la répartition des masses, les cadrages, les mouvements, les proportions et pour le trait « originel ». Cependant, ce savoir-faire subit plus qu’il ne bénéficie d’un traitement informatique bien indigeste. Il n’est pas rare que plusieurs styles cohabitent au sein d’une même case, parfois sans même que le minimum d’intégration entre ces divers éléments n’ait été porté. Tantôt les traits du « rough » (le crayonné de base) sont laissés apparents, tantôt un peaufinage particulier est poussé à son paroxysme sur une case criante de réalisme (par exemple, lorsque le personnage de Maé apparaît pour la première fois). En outre, la bichromie récurrente qui caractérise indépendamment chacune des cases, n’aide pas à renforcer une cohérence visuelle bien malmenée. On conclura que « c’est un style », plus proche de la démarche artistique contemporaine que d’une approche grand public, qui se laissera apprécier différemment. L’intrigue proposée par Tackian est, elle, très classique, mais efficace. Il s’agit d’un raid d’une rare violence dans un cadre futuriste déshumanisé, qui (bien entendu) se finira mal. Si l’aventure n’a rien de révolutionnaire, elle est néanmoins habilement emmenée et divertissante, pour peu qu’on cesse de se laisser perturber par le dessin…