L'histoire :
Au cours de ses pérégrinations, Rahan a appris et découvert 1000 choses de la nature. Généreux, il a toujours transmis son merveilleux savoir auprès des hommes qu’il a rencontrés, parmi lesquels le jeune Akoa et sa tribu. Toutefois, ces derniers reçoivent un jour la visite d’une tribu dirigée par un chasseur appelé Rhodar. Au départ amical, Rhodar est étrangement empressé d’apprendre les secrets d’Akoa… Quelques temps plus tard, en d’autres lieux, Rahan se réveille auprès de la belle Valana. Cette guérisseuse, qui partage de doux sentiment à son égard, l’a semble-t-il soigné d’une blessure au dos. La soif de découverte et l’indépendance de Rahan l’amènent pourtant rapidement à la quitter. Il fait tournoyer son coutelas d’ivoire sur une pierre, pour savoir où le destin le dirige… et part. Après avoir traversé un territoire montagneux enneigé, Rahan a la surprise de retrouver devant lui… le mont-bleu ! Ses tragiques souvenirs d’enfance remontent aussitôt. C’est en effet au pied de ce volcan qu’il a été éduqué par Crao le sage, avant qu’il devienne l’unique rescapé de son éruption. De son village, il ne reste aujourd’hui que des ruines englouties par la lave. Mais un autre village a été édifié à proximité. Celui-ci est étrangement moderne : il y a un barrage lacustre, une haute palissade, des maisons construites « en dur » et, hélas, des hommes réduits en esclavage, pour extraire des roches d’une mine s’enfonçant sous le mont bleu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après 11 tomes d’un relaunch de l’emblématique série préhistorique Rahan, les éditions Lécureux (la famille scénariste) sont abandonnées. Pour ses nouvelles-nouvelles pérégrinations, Rahan revient dans le giron des éditions Soleil, chez qui sont régulièrement éditées ses premières aventures. Notons tout d’abord que cette histoire ne s’inscrit pas dans la continuité des précédentes (le collier de Rahan n’a que 5 griffes, entre autre), mais s’intercale quelque part antérieurement, parmi la quantité des précédentes. Dès les premières pages, on doit amèrement reconnaître que le dessin d’André Cheret n’est plus aussi précis qu’avant. Globalement, sa griffe demeure réaliste et fidèle… mais des erreurs de proportions, des finitions oubliées dans les postures, des expressions faciales mécaniques (Valana a un pur look de série Z : coupe de cheveux eighties, lèvres botoxées, rimmel aux yeux) rappellent que ce grand monsieur de la BD n’est plus tout jeune. Scénarisé par Jean-François Lécureux (fils de Roger, le scénariste d’origine), ces Fantômes du mont-bleu constituent bien une aventure inédite, à défaut d’être tout à fait originale. Car elle assemble, assez maladroitement sur le plan narratif, beaucoup d’archétypes déjà-vu dans ses précédentes rencontres avec ceux-qui-marchent-debout. Evidemment, s’agissant du mont bleu, on a droit au fantôme de Crao et au sempiternel souvenir de l’éruption. L’intention est néanmoins louable s’agissant de transmettre un discours anti-esclavagiste ou écologique – et oui, déjà sous l’ère préhistorique, Rahan le précurseur avait notion que les hommes étaient en train de détruire leur environnement ! C’est la manière qui est souvent grossière, frisant par moment le ridicule (ex : quand Rahan veut faire du surf, il n’a qu’à creuser la neige au sommet d’une colline, pour trouver en dessous une planche pile-poil aux bonnes dimensions). Une bonne idée, trop timidement exploitée, consistait aussi à mettre dans les pattes de notre héros aux cheveux-de-feu, son némésis (son alter-égo néfaste), comme dans les récits de super-héros. Le vil Rhodar montre en effet la même corpulence, le même collier de griffe et la même coupe de cheveux beatnik, mais en brun. La conclusion ouverte invite à rester attentif à une suite possible, quand bien même ce volume ne comporte aucune numérotation.