L'histoire :
Stressée par sa vie professionnelle à Los Angeles, l’urbaine Angie se fait violence pour se mettre quelques jours au vert. Elle retourne au chalet familial, à la montagne, qui fut il y a 10 ans le théâtre d’évènements douloureux. Une halte à l’unique drugstore local, où tout le monde se souvient de la petite fille qu’elle était, lui permet de constater que rien n’a changé. Le temps s’et comme arrêté dans ce coin reculé. Madame Olden, la propriétaire des lieux, lui annonce que son père n’est pas encore arrivé. Angie commence pourtant déjà à psychoter. Elle a besoin des s’isoler aux toilettes, pour se faire un rail de coke. Puis Old Joe la conduit en Dodge à travers les chemins escarpés. Le brave Old Joe s’est occupé de remettre un minimum le chalet en état, de retirer les draps des meubles, les toiles d’araignées, les colonies de souris… En attendant son père, dans ce chalet débordant de souvenirs, Angie affronte ses démons intérieurs. Elle se souvient notamment de sa mère, malheureuse, abandonnée, alcoolique, en raison de la vie extraconjugale de son père à la ville. Elle se souvient de l’accident de voiture fatal de cette dernière, tandis qu’elle fonçait pour prendre son époux en flagrant délit. Elle se rappelle que son père n’était même pas venu les récupérer, elle et son frère… Une porte claque. Serait-ce son père qui arrive et qu’elle a tant besoin d’affronter ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au scénario de ce one-shot, Yves Swolfs livre l’histoire intérieure d’une jeune femme qui a un besoin urgent de faire le point sur sa vie. L’héroïne Angie s’isole sur les lieux d’un passé douloureux, pour mieux l’affronter. Elle a besoin d’exorciser ses vieux démons, de reporter sa part de culpabilité sur ce père qui n’en finit pas d’arriver (et pour cause !), de dénouer un nœud qui la mine depuis des années dans les tréfonds de son être. On comprend peu à peu ce combat intérieur, au fur et à mesure qu’on le découvre au fil des souvenirs d’Angie. Et au terme de deux confrontations parallèles, l’une montagnarde face à un ours, l’autre intestine face à elle-même, Angie donnera tout son sens au titre, à la toute dernière planche. Cette partition narrative intéressante est confiée aux talents graphiques d’un petit nouveau, Brice Cossu. Son dessin se complète idéalement des couleurs de Stéphane Paitreau, au point que l’un et l’autre sont ici indissociables. Sur le joli coup de crayon de Cossu, autocentré sur le personnage d’Angie, Paitreau gère les souvenirs en flashbacks à l’aide d’un traitement sépia, des textures au tramé suranné. La symbolique de la séquence onirique finale est certes peut-être un peu stéréotypée, mais elle a le mérite de clore l’ensemble de manière cohérente et convaincante. Un one-shot psychologique abouti, à découvrir…