L'histoire :
Rétine est l'oasis de Gaïta, une planète désertique. La capitale produit d'immenses richesses grâce à son geyser. Mais la vie des citoyens est placée sous le joug de la tyrannie. Sept oligarques décident du sort de la population, dont la caractéristique est de naître aveugle. Quelques exceptions existent ; on les appelle les yeux gris et ils sont amenés à servir le pouvoir ou à être éliminés. D'autre part, les autorités décident de sélectionner les citoyens méritants et de les doter de lunettes Visio-sim, qui compensent leur cécité. L'industrie repose sur l'activité d'une immense forge et la main-d’œuvre est bien entendue exploitée sans pitié. De rares individus y survivent grâce au Kriss, une drogue de synthèse qui leur permet d'endurer leur triste sort. Dans ce chaos organisé, des signes de révolte commencent à poindre. Et un événement pourrait faire basculer le sort de toute la planète : le geyser donne depuis peu des signes de faiblesse...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome nous avait agréablement surpris, plantant le décor d'une civilisation à la technologie avancée mais reposant sur la ségrégation sociale. Ce second volet confirme pleinement les qualités de la série. Rétine, c'est un voyage dans un ailleurs étrange, où action ne rime pas avec violence. Stéphane Piatzsek réussit à créer un monde complexe et fascinant. Il intègre les meilleurs éléments de la SF, sans jamais tomber dans la confusion. En effet, la Course dans le Salar propose l'exotisme des mondes extra-terrestres et la première scène d'assaut d'une gigantesque loco dans le désert nous plonge tout de suite dans le bain de la grande aventure. La galerie de personnages s'enrichit aussi avec l'apparition de ce survivant de la forge, qui nous raconte par le biais d'un flashback bien senti sa galère de metalleux. Il va accompagner nos héros qui mènent la fronde. Jude, la fille de notable dissidente, Sacha et la Compass', deux aventuriers au tempérament contrasté (l'un exubérant et extraverti, l'autre taiseux mais redoutable), et enfin le méca-robot polymorphe. La narration alterne les séquences rythmées et celles qui laissent place au discours de la caste dominante. L'alternance permet ainsi de ne jamais se lasser, ni de se perdre dans les méandres de cette civilisation qui rappelle les classiques du genre, sans en être un vulgaire clone. Certes, le récit ne révolutionne pas le genre, mais il a le mérite d'être cohérent. Le découpage des planches et le style particulièrement lisible d'Iñaki Holgado, qui se charge aussi des couleurs, amènent à l'ensemble la garantie d'une agréable lecture. Bref, si vous êtes fan de SF, ne passez pas à côté de Rétine, une série plaisante qui ne verse pas dans le tape-à-l'œil !
