L'histoire :
Au commencement et pour guider la destinée de tous les hommes, les Géants choisirent Afénor. Ils lui transmirent sagesse, lui apprirent à construire et à cultiver, pour permettre à son peuple de régner sur l’immensité des Terres. Brégor son frère cadet, jaloux de ce choix, se met sous la protection des Dragons et s’installe dans l’antique Farkas. Mais bien vite tout lui échappe. Les Dragons initient un régime politique asservissant, structuré par une société codifiée et organisée en castes. Ils se séparent de Brégor et de tous leurs opposants, installent un Empereur, seul capable de communiquer avec eux, qui devient le guide des Drekkars, le peuple de la Passe de Farkas. Aujourd’hui pourtant, ce solide édifice est sur le point de chanceler : un souffle de révolte initié par les plus hauts dignitaires eux-mêmes fait trembler la cité. Sékal d’Aegor, l’Hégémon, le Grand Maître de la caste des Écuyers, le chef des armées en personne, souhaite fonder une nouvelle Passe. Il pousse les esclaves de la ville basse à se révolter et rallie chaque jour à sa cause de puissants seigneurs du Haut-Château. L’Empereur, quant à lui, laisse faire, bien trop occupé par les nombreux raids vers l’en-dehors, comme celui qu’il vient d’organiser sous le commandement de Farder, contre Garantiel, pour d’obscures raisons. Il semble que le souverain soit manipulé. Par qui ?… Il ne fait pas de doute, en tout cas, qu’on le tienne et l’oblige au moyen d’un produit rare dont il est dépendant et que l’on nomme Tirinka. Une drogue qu’une mystérieuse jeune femme vient, justement, de lui dérober…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ayant prolongé le supplice pendant plus de 2 ans, Fabrice David et Éric Bourgier nous libèrent enfin de la torture en proposant enfin une suite à leur saga épique, dont l’opus d’exposition nous avait enthousiasmés. Loin des standards servis habituellement pour le genre, par les éditions Soleil, Servitude renoue avec l’heroïc-fantasy de haute volée : plus proche de JRR Tolkien et de Michael Moorcock que de Christophe Arleston. Dans ce Livre II, Fabrice David excelle à nouveau dans la mise en place de l’univers qu’il a façonné. Outre le rythme et le séquençage, qu’il maitrise à nouveau de fort belle manière, il nous offre en bonbon une véritable mythologie digne des plus célèbres légendes : des Dragons et des Géants, une société féodale à la japonaise, des luttes de pouvoirs, des romances, des bons chez les méchants, des mauvais chez les gentils… De plus, il a l’intelligence de toujours laisser le devant de la scène à l’intrigue et l’action, faisant semblant de croire que le lecteur a assimilé tous les paramètres du monde qu’il a engendré. A ce titre, il vous faudra lire le glossaire à la fin de l’album pour apprécier pleinement le récit, mais ce ne sera pas du tout une corvée. Point de Kiriel, de Garantiel ou de F’lar dans cet opus, ce sont les personnages de l’ombre du Livre I qui sont en vedettes pour une intrigue plus politique que chevaleresque, mais qui fait le plein de meurtres et de « scènes d’épées » : un régal. Le Livre III devrait nous présenter d’autres protagonistes, en d’autres lieux, avant que les 2 derniers tomes ne réunissent cette intéressante communauté. Grace à un somptueux dessin, Eric Bourgier parachève le niveau d’excellence de la série : sobriété des effets, mise en couleur sépia inventive, recherche esthétique permanente (allant des costumes aux cadrages). Bref un album à ne pas manquer : un des top de l’année.