L'histoire :
En opposant le Roi Garantiel d’Anorœur et son cousin Othar de Vériel, les Fils de la Terre s’entredéchirent jusqu’au dernier. L’imprenable citadelle franche d’Al Alstan semble en être le dernier théâtre, dans lequel quelques Drekkars, leurs ennemis séculaires, jouent habilement les souffleurs de braises. Pour autant, cette société héritière des Dragons est elle aussi on ne peut plus mal en point et leur Empereur menacé… La bataille fait bientôt rage, livrant de nouveaux rois, de nouveaux traîtres et laissant les mercenaires se laver du sang des ennemis. Kiriel, le gendre de Garantiel, prématurément veuf, aidé de F’Lar et de l’amiral Koreil Vanarek, tente une percée au cœur de la citadelle. Bientôt, les deux premiers doivent pourtant leur salut à l’approche d’un vaisseau volant Iccrin. Kyriel est blessé et F’lar fait valoir sa condition d’épouse du Gardien du Pilier Arkindé d’Anar pour contraindre l’équipage, venu faire une mystérieuse livraison, de les prendre à bord. Et tandis que les Fils de la Terre livrent leur dernier (?) souffle, le navire volant prend de l’altitude. A bord, se trouve Esdras, infante capable de maîtriser le souffle des vents pour guider le vaisseau. Après un bref arrêt sur une plateforme pour que l’infante reprenne des forces via l’étrange cérémonie du Vek, l’équipage reprend la route vers l’une des 3 Cités Iccrins installée sur le Pilier de Kersh, une gigantesque plateforme en plein milieu du ciel. Pour autant, F’lar, ou plutôt Filène d’Anar, tente le tout pour le tout pour ne pas y être conduite : ce n’est pas par hasard qu’elle n’y soit pas retournée depuis 15 ans. Pas un hasard non plus, que tous la croient morte à jamais…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Baigne, baffe, claque, mandale, torgnole ou gifle… On pourra une nouvelle fois sortir toute l’artillerie de synonymes à disposition pour qualifier le délicieux effet procuré par la partition graphique offerte par cette fabuleuse saga. Et peu importe la marque des doigts laissée sur la joue par ce boulot insolent de méticulosité, Eric Bourgier peut cogner autant qu’il veut : « couleurs », mouvements, cadrages, détails architecturaux, « noblesse » des personnages travaillés à l’intensité nous envahissent sans jamais nous laisser le moindre doute sur la « réalité » du récit qui est conté. Et c’est bien là l’atout de cette énième série d’heroïc-fantasy : malmener notre crédulité pour faire de l’imaginaire une seconde voie. Car du côté du scénario, ce quatrième opus fait la démonstration d’une minutie qui n’a rien à envier au dessin. L’univers dense et riche déjà parfaitement exposé et boosté juste ce qu’il faut par la parenthèse épique du 3éme volet (confiée aux enjeux de la bataille d’Al Astan) s’épaissit de la rencontre des Iccrins, société héritière des Anges (comme les Fils de la Terre le sont des Géants et les Drekkars des Dragons) installée aux sommets d’immenses piliers en plein ciel. Organisation politique, rivalités, prémices de révoltes animent brillamment le propos autour du retour de Filène d’Anar (F’Lar) parmi les siens, accompagné des raisons du mystère de son absence pendant quinze années. Bien que plus statique que son prédécesseur – car à nouveau confié à un entrelacs d’intrigues de cours, ce tome se veut tout autant prenant. En particulier, il conjugue suspens et tension avec une indescriptible intensité tout en poursuivant l’assemblage du puzzle de la destinée de l’univers présenté (et le rôle du mystérieux Kiromédon). Les liens entre chaque société sont de plus en plus perceptibles mais surtout, Servitude, le titre de la série, prend de plus en plus de sens. Bref, de quoi se pommader les joues sérieusement en attendant la prochaine – et certainement dernière – calotte de cet inégalable récit (de nouveau entre 2 et 3 ans ?). A noter qu’une nouvelle fois la lecture postérieure des annexes est un indispensable et savoureux complément.