L'histoire :
Au royaume des fils de la terre, le chevalier Kiriel fait route vers la capitale pour y être marié à Lérine, la fille du roi Garentiel d’Anorœr. Sur le chemin, il passe prendre son ami vigneron Delorn, sur lequel il compte pour être témoin de la cérémonie. Cette alliance est critiquée, car Kiriel n’est pas de sang noble. Mais le roi, qui a toute confiance en lui, veut faire évoluer la lignée qui ne s’est que trop perpétrée à travers des mariages consanguins. D’ailleurs Tarquain, le propre frère de Lérine, tente encore d’influer sur la décision de leur père, car il est l’amant de sa sœur. Parmi les invités de la famille royale accueillant avec des sentiments mitigés ce roturier dans leur généalogie, se trouve une déléguée du prince de Vériel qui n’a pas daigné venir en personne. Outre ce mariage controversé, un vent de renversement souffle sur le royaume. Les vieilles querelles semblent refaire surface et des mercenaires sont mystérieusement recrutés à l’est. Le soir même de la noce, une légion entière est décimée à proximité du château. Dès le lendemain, le roi demande à Kiriel de lui servir d’ambassadeur auprès du prince de Vériel…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Servitude s’inscrit dans la grande tradition des récits d’Heroïc-fantasy, le genre fer de lance des éditions Soleil. Si certains redoutent une énième resucée HF made in Soleil, il faut reconnaître que celle-ci se fait dans les règles de l’art. Il y a certes un petit quelque chose du Seigneur des anneaux, mais cela est difficile à éviter quand on fait de l’HF. Ce premier épisode – dit d’exposition – présente le contexte politique épineux de ce monde fantastique. Le roi est menacé par le retour d’antiques opposants ; le temps d’un mariage controversé et tout bascule. Prévue en 5 tomes, la série prouve d’emblée une grande maturité narrative, aussi bien dans les dialogues que dans le rythme ou le découpage séquentiel. Au scénario, Fabrice David a pris soin de bétonner le cadre médiéval fantastique de cette aventure épique et chevaleresque. Mais ces jeux politiques seraient certainement rébarbatifs sans le dessin réaliste d’Eric Bourgier, de grande classe. Les paysages sont superbes, les protagonistes ont de « la gueule », et la sobriété de la colorisation, en quasi bichromie dans des teintes sépia, apporte quelque chose de nouveau à l’ensemble. Bref, du beau boulot sur 60 planches, pour une série qu’on espère vivement voir menée à son terme…