L'histoire :
En des temps indéterminés, tous les membres d’un village d’Ethiopie font une danse rituelle autour d’un totem en forme d’araignée géante. En état de transe avancée, ils vénèrent leur déesse Anansi et fêtent l’intégration d’un nouvel adepte. Le jeune homme avale une tarentule vivante et se tranche les annulaires des deux mains. Avec huit doigts, comme tous les autres villageois avant lui, il se rapproche ainsi du nombre de pattes de leur animal totem, l’araignée. De nos jours, à Detroit, un inspecteur de police vétéran et blasé, John Brant, accueille avec un mépris prononcé sa nouvelle coéquipière, la jeune et charmante Charlène Dubowski. Il doit cependant composer avec elle, et se mettre vite au boulot, car les crimes pullulent. Or ils sont particulièrement sordides et bizarres, ces derniers temps. Par exemple, ils doivent enquêter sur un cadavre retrouvé calciné, avec les annulaires tranchés et des tissus organiques non-humains ! Ou encore intervenir dans la maison en ruine d’un type complètement dément après qu’il a avalé de la « Spider », une drogue nouvelle et puissante qui pousse les camés à bouffer des araignées vivantes ! Durant l’intervention, Brandt est agressé et écorché à mains nues au visage par le dément. Dubowski est obligée de flinguer le camé à bout portant. Une joyeux baptême pour son entrée dans la police…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vous reprendrez bien un peu de cette grosse araignée pleine de pattes velues, pour votre quatre heures ? Hé oui, dans ce nouveau thriller contemporain sordide, Spider, c’est en avalant des araignées que des camés sombrent dans des paradis artificiels particulièrement sombres et inextricables. Et puisque le rituel de l’arachnophagie paraîtra révulsant à 99,9% d’entre vous, les auteurs en rajoutent des caisses dans le registre de l’ignoble. Primo, ils campent l’action à Detroit, une ville ravagée par la misère sociale (40% de la population sous le seuil de pauvreté). Deuxio, les bas-fonds de cette ancienne cité industrielle se révèlent angoissants à souhait en guise de décors pour les trafics de drogues et les crimes immondes. D’ailleurs, la couverture donne le ton, sombre à souhait. Tertio, les ravages de la Spider sont corsés. Cette drogue transforme les plus atteints des toxicos en des détraqués assoiffés de chair humaine. Un duo ultra classique – le vieux flic blasé et la jeune recrue naïve-mais-volontaire – vient se perdre dans ce contexte rieur. Et dès ce tome de mise en place, ils sont particulièrement malmenés. L’idée originale de Gilles Daoust est mise en scène par le savoir-faire séquentiel de Christophe Bec, et enluminé par le dessin réaliste expérimenté de Stefano Raffaele. Ce dernier se magnifie surtout dans les corps infectés et putrides, quasi zombifiés, et les décors glauques. A deux reprises, une case géante occupe une double-planche, et ce sont à chaque fois de vastes hall en ruines, comme des antichambres infernales, desquelles on entend presque sourdre un rauque ténébreux qui susurre « Prends de la spider… Prends de la spider… ».