L'histoire :
Pour son premier poste en tant qu’inspectrice de police à Detroit (Michigan), Charlie s’est directement confrontée à une affaire bien lourde. Une drogue d’un genre nouveau, appelée la « spider », fait en effet des ravages au sein de la population désœuvrée. Lors de l’interpellation d’un toxico, son collègue, l’expérimenté John Brant, est gravement agressé avec le visage défiguré. Il est hospitalisé et Charlie se retrouve seule en première ligne. Une imprudence l’amène à devoir consommer de la spider… Elle découvre alors que l’efficacité de cette drogue est due à sa nature particulière : il faut avaler une araignée vivante boostée avec un adjuvant secret ! Hélas, une unique prise suffit pour être complètement accro… et il n’existe ni antidote, ni méthode de sevrage. Piégée, Charlie n’a plus le choix : elle décide d’aller de l’avant et de mener l’enquête en étant infiltrée auprès des plus hauts membres de l’organisation qui s’occupe de la distribution de la spider, afin de la démanteler. Charlie devient même l’amante d’Arachné, une belle lesbienne chauve avec une araignée tatouée sur l’arrière du crâne. Arachné prend de telles doses de spider, que son corps change, sous l’effet des modifications d’ADN. De gros poils noirs lui recouvrent notamment désormais le dos. Mais en rencontrant le biochimiste Tsuchigumo dans son laboratoire, Charlie découvre que les transformations morphologiques peuvent aller bien au-delà…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Suite et fin d’un thriller qui va un poil au-delà des frontières du fantastique, et qui culmine tout particulièrement dans la glauquitude. Dans une ville de Detroit ravagée par la misère sociale (et une météo tristoune), une organisation criminelle répand une drogue totalement flippante, la Spider. Cette drogue se prend en effet en avalant des araignées vivantes, crues… et ce qui parait impensable à 99,99% d’entre vous, lecteurs et lectrices psychologiquement stables, devient alors un besoin irrépressif, impérieux, vital. Notre héroïne infiltrée Charlie en fait les frais, qui se met à bouffer plein d’araignées pour démanteler cet abominable réseau de stups. A mesure que le scénariste Giles Daoust fait avancer l’enquête, Charlie pousse sa descente en enfer un peu plus loin dans le sordide. Son corps change… et il semble que ça soit sans retour. Comble de la zénitude, elle évolue à travers des décors systématiquement crasseux – friches industrielles, boîte de nuit dépravée, église en ruine – un registre graphique à la fois grandiloquent et apocalyptique, dans lequel Stefano Raphaelle excelle. Le dessinateur italien ne s’empêche d’ailleurs pas de se faire plaisir, en livrant régulièrement de magnifiques doubles planches qui dévoilent ces lieux sinistres. Mais le plus infâme reste ce qui arrive aux corps des personnages, par l’effet des modifications d’ADN ou des mutilations volontaires… ou pas. Le scénario est tout entier tourné vers l’optimisation de ce genre d’effets, sans autre « complexitude » particulière, ni excès de dialogues, avec une psychologie de personnage relativement basique. Amateurs d’horreur, vous serez néanmoins comblés, surtout si vous appréciez les petites et grosses arachnides.