L'histoire :
Nouvelle Espagne, 1574. Établi à Mexico depuis trois ans, le tribunal de l'Inquisition brûle ses premières victimes en place publique et procède à ses premiers autodafés. Dans une riche demeure, non loin de là, une jeune indienne confie à Doña Inés un antique manuscrit appartenant à son peuple, le Codex Veneficiis, le « livre des sortilèges ». Dans la Jungle du Yucatán, 55 ans plus tôt, des guerriers aztèques font une incursion en territoire maya afin de ramener chez eux des prisonniers qu'ils sacrifieront à leurs dieux assoiffés de sang. Eek, la sorcière du village, survit miraculeusement à l’attaque et réussit à sauver son livre de sorts. Sa sœur Nayeli et son amie Bibiki, à la rivière au moment de l’attaque, lui prêtent soin et l’accompagnent dans le temple sacré des Mayas. Là, elles se livrent à une cérémonie afin d’invoquer le pouvoir d’un démon, Camazotz. Les deux jeunes femmes et la sorcière prennent alors la forme de succubes, et volent jusqu’à leur village décimé, où les aztèques dorment tous…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cinquième tome des Succubes et, enfin, de jeunes femmes nues volent dans le ciel grâce de larges ailes dans leur dos… Ça se passe sur le nouveau monde, et l’histoire est narrée par l’Honorable Mère de l’Ordre des Filles de Lilith, dans une bibliothèque-catacombe du père Lachaise, à Paris, en 1794. Les époques et les lieux se suivent et ne se ressemblent pas. Les héroïnes non plus, d’ailleurs. Nayeli n’est pas, comme la plupart de ses prédécesseures, un monstre manipulateur, sans aucune vergogne. Non, elle est fragile, incertaine, et reconnaît la difficulté de sa place dans l’ordre du monde. En outre, elle agit pour son peuple, et pas pour elle-même. Bref, personnage atypique, lieux atypiques, parfum de magie et de sorcellerie, le scénar est frais et agréable. Il est bien mené et ne laisse la place à aucun temps-mort. Même les noms des mayas et des aztèques sont presque lisibles du coup… Thomas Mosdi, spécialiste de l’heroïc-fantasy, a déjà fait aussi de l’ésotérique et de l’historique. Du coup, tout se tient bien, et c’est vraiment agréable. Le dessin de Giancula Pagliarani est précis et même flamboyant pour les décors et les paysages, grandioses. Les persos sont en revanche un peu statiques, mais le tout est vraiment très agréable. Surtout, on est réellement transportés dans l’Amérique du sud du XVIème siècle, et c’est extrêmement dépaysant…