L'histoire :
Une petite troupe de randonneurs s’est réunie à la fin de l’automne à Troutdale (Oregon), pour le festival du Bigfoot. Ils profitent d’un feu de camp au milieu de nombreux festivaliers, mais ce n’est pas tant pour faire la fête que pour organiser leur base pour partir à l’assaut du Mont Jefferson, un volcan endormi de plus de 3000 mètres de haut. Le lendemain, avant l’aube, ils se mettent en route dans leur 4x4, pour démarrer la rando au moment du lever du soleil. A quelques kilomètres de leur point de départ, ils traversent un parking où se sont réunis des dizaines de chasseurs lourdement armés. Ceux-là partent assurément chasser du gros gibier, tel le cerf-mulet. Les marcheurs montagnards poursuivent et se garent un peu plus loin. Ils transportent alors chacun un gros sac-à-dos, avec ce qu’il faut de bouffe, de matériel d’alpinisme et de couchages pour quelques bivouacs. Après quelques heures de grimpette, le mont Jefferson est en vue, imposant, magnifique. Au loin, ils entendent les coups de fusils des chasseurs, ce qui ne les inquiète pas. Ils ont tort. Car dès le lendemain, un jeune chasseur inexpérimenté va prendre Sandy pour un cervidé et lui envoyer une volée mortelle de gros plomb en pleine poitrine.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Survival se présente comme une nouvelle série-concept scénarisée par Christophe Bec, avec pour chaque tome une histoire complète et indépendante. Comme l’indique la traduction française, à chaque fois, des personnages en groupe vont tenter de survivre à un milieu et/ou un persécuteur particulier, dans une narration de genre thriller qui fera monter la tension. La première chose marquante à l’ouverture de cet épisode-pilote est le dessin photo-réaliste et très fin, à l'encrage prononcé, de l’italien Valerio Giangiordano. Or si les proportions, les postures et le recopiage des décors documentés sont justes, le rendu est terriblement impersonnel et les faciès des personnages se ressemblent souvent, dans une inexpressivité de mannequins figés. Les protagonistes ne sont donc pas attachants et d’ailleurs leurs profondeurs psychologiques sont survolées… mais ça n’est sans doute pas plus idiot de ne pas s’attacher à ceux qui ont une durée de vie très courte ! Sur le fond, cette histoire de randonnée montagnarde qui part en sucette et se mue en hallali humain est classique – on pense notamment au superbe film Délivrance de John Boorman (1972), sans la scène du banjo. On retiendra donc du scénario de Christophe Bec son efficacité rythmique, le suspens qui opprime progressivement les personnages – et les lecteurs – vers une issue qu’on sent venir inéluctablement morbide, mais sans jamais pouvoir deviner qui s’en sortira indemne… ou pas. L’une des spécialités made in Bec.
