L'histoire :
Susine est une petite fille solitaire, dont la tête est remplie d’histoires fascinantes racontées par son adorable grand-mère. Celle-ci lui parle souvent d’un autre monde : le « dorméveil ». Entre une absence de vie sociale due à l’incapacité de se faire des amis et une présence parentale quasiment inexistante, le bonheur de Susine ne tient qu’à la compagnie de sa grand-mère. Or, un jour, la petite fille apprend que sa grand-mère est « partie ». Partie où ? Et pourquoi sans elle ? Elle est perdue et personne n’est capable de lui apporter les réponses dont elle a besoin. C’est alors qu’elle fabrique son premier « Couvre-pomme » : un chapeau orné d’une plume de pigeon et de rouleaux de papiers-toilette, dont la silhouette est inspirée d’une image vue chez son étrange psychologue. Quelques secondes plus tard, elle se retrouve allongée sur une plage mouvante, bordant un océan d’algues couleur pastel : c’est alors que commence le voyage de Susine dans ce monde fantastique qu’est le « dorméveil ».
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Prenez une bonne dose de références, ajoutez une pincée de naïveté, ainsi que plusieurs kilos de couleurs enivrantes. Pétrissez tout ça avec un sacré talent et vous obtiendrez la recette de Susine et le Dorméveil. Rien d’étonnant, puisque l’œuvre est publiée dans la collection Métamorphose de Soleil. Le nom de la collection n’est pas laissé au hasard : tous les livres qu’elle englobe traitent de près ou de loin de la transformation, de l’évolution de l’être, bien souvent celle de l’enfant. Bruno Enna, scénariste de l’œuvre, n’en est pas à son premier essai (Cœur de Papier, en 2010). Enna se lance cette fois dans un conte prévu en trois tomes : le premier traitant du monde d’avant (coloré, naïf et émouvant), le second du monde d’après (plus effrayant et sombre) et enfin le dernier mêlant les deux mondes. Mais attention, il ne s’agit pas à proprement parler d’une bande dessinée, mais plutôt d’un livre illustré, qui doit aussi beaucoup au talent graphique de Clément Lefèvre. Le jeune illustrateur réalise ses dessins aux courbes enfantines à l'aide de crayons et de fusains, puis scanne et colorise minutieusement le tout sous Photoshop®, en prenant soin de conserver un grain original. Le résultat est à la fois doux, majestueux et juste ce qu'il faut d'inquiétant… En suivant son chemin, Susine apprend doucement à grandir et découvre finalement chaque part d’elle-même : son côté lumineux et son côté sombre. L’œuvre traite de manière détournée des interrogations enfantines qui trottent dans nos têtes à l’aube de nos vies, telles que la mort, l’amour… Le tout dans un cadre étincelant et coloré, propre à la thématique de l’histoire. Non content de nous en mettre plein les yeux, Susine et le dorméveil nous invite à refaire le trajet bouleversant de la découverte de la vie, sous toutes ses facettes.
