L'histoire :
En février 1988, une prise d'otage tourne mal sur le tarmac de l'aéroport de Genève. A bord, Neige d'Orchidée, l'une des terroristes communistes qui menacent les passagers, est flinguée lors de l'attaque commando des autorités, sous les yeux de son ancien amant, Tobias, un agent double. Ensemble, ils ont eu une petite fille, Théophilia, à ce moment agée de 5 ans. Son éducation est alors confiée à une mystérieuse aveugle, Fausta. 20 ans plus tard, Théophilia est devenue une « Whisteblower » plutôt sexy, c'est à dire une lanceuse d'alerte, pour le compte de la WAS Fondation. Ce jour-là, un mystérieux marin kosovar lui donne rendez-vous sur les docks de Dunkerque, pour lui remettre une clé USB contenant des informations sensibles. De peur d'être arrêté par les policiers, l'homme s'enfuit d’ailleurs aussitôt en plongeant dans les eaux du port. De retour à la fondation, Théophilia regarde le film contenu sur la clé numérique, en compagnie de ses collègues. Une doctoresse noire y témoigne d'une tragique explosion à bord d'un cargo mouillant dans le port de Puerto Kanga. La doctoresse s'indigne que depuis lors, la population locale se meurt d'horribles infections chimiques. Puis à peine Théophilia a-t-elle quitté le building de la fondation, qu'une explosion ravage ses bureaux, blessant gravement son boss...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce nouveau thriller d’espionnage part sans doute de la bonne intention de mettre en exergue un job inédit : celui de « lanceur d’alerte ». C’est ici le boulot de l’héroïne (évidemment sexy, vertueuse et courageuse), à mi-chemin entre le journalisme d’investigation, les rôles d’agent secret et de leader d’opinion. Cependant, cette direction originale ne se concrétise guère au travers d’un scénario limpide et convaincant. La première déficience vient d’une psychologie de personnage un brin bancale. Les auteurs étayent en effet leur intrigue sur l’ambigüité de Tobias, le père de Théophilia. Tour à tour méphistophélique, manipulateur et évanescent, il représente à la fois la quête de Théophilia et celui qui génère ses problèmes. A moins d’une rédemption de mauvais goût (dans le tome 2 ?), il prend le contrepied de ce qu’on attendrait de la parenté d’une héroïne vertueuse et embrasse néanmoins les stéréotypes manichéens. Au-delà de cette problématique familiale, la conspiration écolo-industrielle verse aussi peu à peu vers le grandguignolesque jamesbondien le plus commun… et ces développements entrent en dichotomie avec le réalisme géopolitique déclaré par l’entame de l’album. Ajoutez à cela des personnages pas empathiques pour deux sous et des dialogues manquant de percussion… D’ailleurs, le dessin réaliste de Leïla Leiz, plutôt réussi au début, perd lui aussi de sa constance au fil des planches, comme s’il y « croyait » de moins en moins. Bref, il y a du savoir-faire et de l’idée chez ces deux auteurs au féminin, mais tout cela manque encore cruellement de bouteille…