L'histoire :
Tokyo, de nos jours. Etudiante sérieuse, May reste à son appartement pour réviser, au lieu de participer à une soirée karaoké avec sa sœur Eiko et Ryu, le petit ami de cette dernière. Lorsque soudain, la télé s’allume seule. A l’écran, elle assiste impuissante à la mort d’Eiko, qui prend une balle perdue lors d’un règlement de comptes entre yakusas. La télédiffusion se termine sur l’image d’une sorte de fantôme portant un masque de no (forme de théâtre traditionnel japonais). Quelques semaines après les funérailles, Ryu reprend contact avec May. Le meurtrier n’a toujours pas été retrouvé et May n’a toujours pas fait son deuil. Le soir même, alors que la jeune fille s’apprête à plonger dans son bain, l’eau de la baignoire prend soudain la forme du fantôme masqué et cette entité commence à l’étrangler. Elle est alors sauvé par Ryu qui, cherchant un prétexte pour revenir la voir, intervient en laissant tomber un pendentif dans la baignoire. Dès le lendemain, les deux jeunes gens vont au temple pour tenter de trouver des réponses à ces phénomènes. Une vieille oracle leur révèle que ce fantôme est un shinigami, représentant les âmes errantes dans la cité de Tokyo…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les mangakas nippon se sont évertués pendant des années à dessiner des personnages occidentaux avec de grands yeux tous ronds. Comme retour de flamme, la BD franco-belge d’aujourd’hui livre de plus en plus d’histoires mettant en scène des yeux bridés. La culture du soleil levant nous fascine et inspire plus d’un scénariste… Ici, Nicolas Jarry cherche apparemment à retrouver l’ambiance particulière et le climat d’épouvante des films nippon du genre (Dark water, the Ring…). Débuté comme un polar avec des yakuzas qui se canardent dans une ruelle, le récit tourne rapidement à l’ésotérique nébuleux et rebattu, alternant des séquences caricaturales (le fantôme d’eau) et les ambiances réussies (le rêve de May). Cette légende fantastique japonaise sert surtout à mettre en valeur la capitale, Tokyo, véritable sujet du récit, où se côtoient traditions et modernité. Dans ce cadre largement émoussé, on n’imagine guère d’issue très palpitante (le tome 2 est déjà prévu pour octobre 2006). Cela nous permet néanmoins de faire connaissance avec le dessinateur Djief, nouveau venu dans le 9e art, qui livre un graphisme soigné et réaliste, idéalement complété des subtiles couleurs de Joëlle Comtois.