L'histoire :
Professeur quadra dans un lycée américain, Daryl surveille un examen lorsque des coups de feu retentissent dans le couloir. En passant une tête, il constate que des psychopathes sont en train de faire un carnage, comme à Columbia. Il intervient alors calmement pour interrompre la tuerie, sans craindre la rafale de mitrailleur qui le prend pour cible : Daryl encaisse tout sans ciller, il semble invulnérable. Hélas… il est interrompu dans ce rêve par une étudiante qui lui remet sa copie. Le soir même, de retour chez lui, il a un choc en écoutant les infos télévisées : William Peter Stahl vient d’être investi par le parti démocrate pour briguer l’élection présidentielle. Cet homme ne lui est pas vraiment inconnu et il ravive en lui des souvenirs vieux de plus de 20 ans. A l’époque Daryl était ado et avait une super bande de copains : Curtis (aujourd’hui spécialiste en produits de beautés bio), Zack (aujourd’hui dessinateur de comics) et Jesse (aujourd’hui banquier), tous plus ou moins amoureux de la belle Karen… Ensembles, ils s’adonnaient aux petites bêtises de leur âge, avaient construit une super cabane dans un arbre et étaient fans de comics. Un jour, ils avaient répondu en se marrant à une annonce un peu énhaurme, pour profiter des talents ésotériques d’un shaman indien. L’indien leur avait donné un rendez-vous nocturne, au fond d’une vieille mine abandonnée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier tome de cette sorte d’hommage aux super héros classiques, « à la française », entretient habilement le suspens autour de la problématique centrale. Les vigilantes sont a priori une bande de 4 super-héros « normaux », qui vont devoir se réunir après 20 ans de séparation, pour affronter une « menace » (la candidature d’un homme aux présidentielle !?). Dans ce tome d’exposition, on les découvre surtout dans leur vie rangée (l’un est prof, l’autre banquier…) ; tous se remémorent alors leur adolescence commune, lors de séquences flashbacks qui prennent le temps d’installer l’insouciance propre à cet âge. Dans cette jeunesse, un évènement semble avoir été fondateur de leur statut particulier de super-héros : la rencontre avec un shaman… Mais le scénariste Jean-Charles Gaudin en garde surtout sous le pied pour les 3 prochains tomes à venir. Quels sont leurs pouvoirs ? Pourquoi se sont-ils séparés ? Quelle est la nature de la menace ? Cela fait beaucoup de zones d’ombres laissées en suspens, beaucoup de mises en place pour peu d’évènements, et pourtant la sauce prend quand même. Le procédé narratif qui consiste à entremêler présent et souvenirs apporte judicieusement et progressivement de l’eau au moulin. Acceptons donc d’être patients : au terme de ce premier tome, le contexte et la psychologie des personnages sont posés et le champ des possibles est vaste. Au dessin, Riccardo Crosa se montre très pro, mais sans morceau de bravoure à souligner non plus, en raison de la tranquillité du récit. Ne vous fiez pas à la couverture sanglante : cette mise en bouche particulièrement peu spectaculaire prend (pour le moment) le contrepied astucieux de la série de super héros traditionnelle…