L'histoire :
Autant Ignace, l’ogre, se lèche les babines et se met en chasse dès qu’il repère un sanglier, un cerf ou un lynx dans la nature, autant il flippe sévère lorsqu’il voit un enfant ! Et il détale aussitôt en sens inverse. En fait, ce qui le fait s’enfuir, c’est surtout le cri strident que poussent les enfants dès qu’ils voient Ignace. Car c’est bien connu : normalement, un ogre, c’est fait pour bouffer les enfants ! Donc il faut en avoir peur, très peur. Les rares fois où Ignace tente l’expérience de la capture d’enfants, dans le but de les mijoter avec des morilles, ces derniers lui font la misère. Il se prend des seaux d’eaux sur la tête en ouvrant les portes, il se fait chiper sa marmite… Et puis d’abord, lorsque Ignace est repu d’un bon civet de cerf, il n’a plus du tout envie de courir après les enfants, mais plutôt de faire une bonne sieste au pied d’un arbre. De fait, Ignace a plutôt pris l’habitude de piquer la nourriture des enfants lorsqu’ils font un pique-nique, quitte à les abandonner évanouis sur place sans même croquer dedans. Un puis un jour, Ignace trouve un bébé. Est-ce tout à fait un enfant, un bébé ? Vu comment ça pue dans la couche, ça ne donne pas envie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Evidemment, quand on est un ogre, ne pas aimer manger les enfants, c’est plutôt embêtant. « Contre-nature », même ! Séverine de la Croix et Pauline Roland continuent dans ce nouveau petit opus carré (qui n’est pas à proprement parler une bande dessinée), de prendre le contre-pied de l’ordre naturel des choses. C’est même le principe de la collection des « Qui n’aimait pas ». Sous le prisme de l’humour, et dans une ambiance de conte de fées un peu délirante, les autrices délivrent un conte plein de péripéties plutôt drôles et – comme souvent dans les contes – qui comporte une petite morale. Ici, il s’agit d’admettre sa différence, et de la transformer en atout. Car manger les enfants n’est peut-être pas une finalité nécessaire… Alors quand on sait faire peur (et très peur !) et que les enfants aiment justement avoir peur… n’y-a-t-il pas une voix intermédiaire à développer ? Le dessin est une nouvelle fois assuré en duo par Pauline Roland et Sandrine Goalec, et mis en couleurs très punshy par Joël Odone.