L'histoire :
Le loup Syrius n’aime pas les contes de fée. Il déteste ça, même. Au point de déchiqueter les livres dans lesquels ils sont illustrés. Si Syrius n’aime pas les contes, c’est surtout parce qu’à chaque fois, les personnages méchants sont des loups. Or Syrius n’est pas du tout méchant. Il voudrait au contraire se faire de nouveaux amis, notamment parmi les enfants humains qu’il a souvent l’occasion de croiser. Mais lorsqu’un chaperon rouge l’aperçoit, ce dernier s’enfuit, par crainte d’être dévoré. Alors que la seule chose que Syrius a envie de dévorer, c’est la délicieuse galette qu’il transporte. Plus tard, alors qu’il joue un rôle de berger bienveillant auprès des plus petits que lui, Syrius propose de jouer avec 7 chevreaux, pendant l’absence des parents. Mais dès qu’il essaie d’entrebâiller la porte de la maison, ces derniers sont pris de panique et le loup finit par être poursuivi par le bouc. Encore un autre exemple : quand la tempête emporte la maison de paille et la maison de bois de deux petits cochons, ces deux derniers trouvent refuge dans la solide maison de briques de leur troisième frère… mais il est hors de question pour eux d’accueillir le loup à l’abri, qui doit lutter à l’extérieur pour ne pas être emporté par le vent…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La collection « Qui n’aimait pas » décline à l’infini son concept, dans des petits ouvrages carrés plus proches des livres illustrés que des bandes dessinées, à destination des enfants. Dans cet opus, ledit Loup qui n’aimait pas les contes se trouve dans une étonnante concurrence de dédiabolisation, face au Loup en slip de Wilfrid Lupano et Mayana Itoïz. Sans parler de plagia, en effet, pareillement dans les deux histoires, le loup tente de son mieux à faire comprendre à son entourage qu’il n’est pas méchant, qu’il n’est pas cet horrible carnassier avide de chair tendre systématiquement employé comme ennemi dans les contes. La scénariste Séverine de la Croix met donc Syrius en situation d’échec face à quelques classiques – le chaperon rouge, les sept chevreaux, les trois petits cochons, Hansel et Gretel… – avant de trouver finalement un biais naturel de réhabilitation bien plus efficaces que toutes les vaines tentatives du loup pour se faire accepter. Fort sympathique et expressif, le dessin est co-réalisé cette fois par Sandrine Goalec et Pauline Roland (qui fait quoi ?). Mais la colorisation de Joël Odone a quelques partis-pris bizarres, qui n’aident pas toujours à la compréhension immédiate (mais pourquoi madame loup a-t-elle les cheveux rouge sang ?). Cela dit, il n’y a pas de quoi crier au loup.