L'histoire :
1954. Comme chaque année, Paul, Pierre et Bachir passent l’été avec leur famille dans des cabanons au bord de mer, à Arzew, une petite cité balnéaire, au nord-est d’Oran. Les trois camarades vivent un été radieux. Ils font les 400 coups. Ils plongent dans les eaux bleues de la mer Méditerranée. Ils suivent le Tour de France à travers un transistor. Ils pêchent des mérous avec des nasses faites maison. Ils mangent des sardines grillées, bercés par la guitare aux airs nostalgiques de Ramonet. Ils ramassent des figues de barbarie. Malgré leurs différences religieuses (Paul est juif, Bachir musulman et Pierre chrétien), ils s’amusent comme des fous. Paul le rouquin est le blagueur de la bande et rêve d’être avant-centre de l’OM. Bachir l’intrépide, remporte tous les défis à relever. Pierre a toujours la tête dans les nuages. Après ces trois mois de paradis, c’est le retour à la réalité. En octobre, c’est la rentrée à l’école publique française. Pourtant, les premiers attentats à Alger font la une des journaux. Des événements qui vont briser à jamais des histoires d’amitié…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour bien appréhender ce témoignage graphique, Alain Bonet nous resitue le contexte historique de l’Algérie de l’époque. Depuis 1830, des milliers de colons de toutes origines (France, Espagne, Italie, Malte), la plupart désargentés, fuyant la famine et les guerres européennes, sont arrivés en Algérie. Ils se mêlèrent aux populations locales et construisirent un monde de bonheur simple. Dans cette terre devenue région française, les différences sociales et le racisme étaient bels et bien présents mais il existait de belles histoires entre Français et Arabes, faites de fraternité, d’échange et de tendresse. C’est dans ce contexte devenu tendu qu’Alain Bonet nous livre ses souvenirs d’enfant, en plusieurs chapitres illustrés par des citations d’auteur et un éclairage historique. Ici, il ne porte aucun jugement sur qui a raison ou qui a tort ; il constate plutôt les conséquences politiques qu’ont eu l’Histoire sur les rapports humains. Sans masquer la cruauté de la guerre, les exactions de chaque camp, l’auteur rend hommage à tous, aux milliers de pieds noirs, de soldats et d’arabes algériens qui ont perdu la vie, dans un conflit absurde. Le dessin crayonné de Paco Sales donne une dimension authentique. On plonge littéralement dans l’histoire et dans l'Histoire. Les aquarelles de Maiques ajoutent une dimension solaire à l’ensemble, sur un pays qui bascule dans l’ombre. Avec les Carnets d’Orient de Ferrandez, ce pavé graphique vous éclairera sur ces événements qui n’ont été requalifiés en guerre par le Parlement français qu’en 1999, soit 37 ans après la fin du conflit et les fameux accords d’Évian…