L'histoire :
En 330 avant Jésus Christ, après avoir commercé avec des peuples celtes de Britannia, un navigateur marseillais intrépide prénommé Pythéas tente de monter le plus au Nord possible le long du monde connu. Ils font halte en Islande, qu’ils appellent Thulé et s’émerveillent des aurores boréales. Ils poursuivent plus au Nord encore, malgré le froid extrême et découvrent que la mer se solidifie autour de leur navire. Ils sont obligés de souquer ferme avec leurs rames et de jouer de la hache à la proue pour se libérer des glaces et rejoindre une zone navigable. A son retour, il relate son expédition et ses observations dans un traité, mais sera considéré comme affabulateur étant donné qu’aucun autre marin ne pourra attester ses dires. 22 siècles plus tard, le dandy et magnat de la presse James Benett rêve de conquérir l’un des derniers territoires restant à découvrir : le pôle Nord. Il engage pour cela à New York deux officiers : le réputé George Melville et le colosse ingénieur George Melville. En 1877, avec l’aide du géographe allemand Peterman, il établit une nouvelle route pour y parvenir, qui soit moins désastreuses que les précédentes : en passant par le détroit de Béring (entre l’Alaska et la Sibérie) et en se laissant porter par le courant chaud Kuroshio…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On retient souvent des premières expéditions polaires les plus rocambolesques, les controversées ou les victorieuses. Ainsi la rivalité Amundsen / Scott pour le pôle Sud (1911), ou Peary / Cook pour le pôle Nord (1909). Vers la conquête arctique, on connait moins celle qui se déroula 30 ans plus tôt, « l’expédition Jeannette » (du nom du navire) menée par les américains De Long et Melville, et financée par le magnat George Benett. Celle-ci fut désastreuse : sur 33 hommes engagés, 13 seulement revinrent vivants, en triste état et en traineau, 3 ans plus tard, après que leur navire ait été concassé par la banquise et après des mois de dérive. C’est cette authentique aventure historique que nous relatent factuellement Clément Baloup et Hugo Stephan. Ils inscrivent d’emblée le Pôle Nord comme un désir de conquête remontant à l’antiquité, avec une introduction de 8 planches consacrée au marseillais Pythéas. Puis sans transition, nous voilà à New York pour l’étude, le financement et le recrutement de l’expédition menée par De Long et Melville, à la fin XIXème siècle. D’errances en étapes, d’hivernages en sursauts survivalistes, de prises de décisions controversées en pathologies, on assiste point par point à la catastrophe, tout au long des 112 pages de cet album très précisément documenté. La voie de Bering n’était assurément pas la plus simple, CQFD. Les explorateurs polaires découvrirent certes de nouvelles îles, mais ils ne dépassèrent pas le 77ème parallèle. On vous laissera découvrir les autres aspects sordides de ce funeste échec, retranscrits au gré d’un dessin semi-réaliste régulier mais parfois approximatif et très monochrome (bleu en extérieur ; jaune pour les intérieurs). En postface, le docteur en géopolitique Vincent Piolet livre un topo synthétique sur les importants enjeux passés et actuels de la zone arctique.