L'histoire :
Rue des Pyrénées, 10 juillet 2015. Aude Massot souhaite réaliser une BD sur le SAMU Social. Elle appelle le Service Communication du SAMU Social de Paris. Ils ont bien reçu son dossier, mais demandent un nouveau délai de réflexion. Le 5 août 2015, elle rencontre enfin Xavier Emmanuelli dans un restaurant. Le créateur du SAMU Social lui raconte la genèse de cette institution qui est très liée à son parcours personnel. Emmanuelli était médecin d’urgence à la marine marchande, puis il a continué à exercer aux urgences, au moment où naissait le SAMU. En 1971, il crée Médecins Sans Frontières, dont le but est d’apporter du secours aux populations en détresse, victimes de guerres, catastrophes naturelles dans les zones sinistrées ou les camps de réfugiés. Il a vu disparaître la variole au profit du SIDA. Ensuite, il est devenu praticien à la prison de Fleury-Mérogis. C’est là qu’il a découvert le visage de l’exclusion. Nommé à l’hôpital de Nanterre, il découvre les patients de la rue. Préoccupé par cette situation, il a l’idée de créer un SAMU Social, calqué sur le modèle du SAMU mais hors des murs de l’hôpital…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le « 115 », c’est le numéro du SAMU Social créé par Xavier Emmanuelli. Aude Massot nous raconte ici l’histoire de cette institution qui est devenue une référence en France contre l’exclusion. Particulièrement actif l’hiver, le SAMU Social s’occupe de prendre en charge les gens qui sont à la rue, les « SANS » : sans-abri, sans-papiers, sans-santé, sans-éducation, les SDF ! Il raconte comment Chirac lui a ouvert gracieusement les portes de l’hospice Saint-Michel de Saint-Mandé pour l’hébergement (et aussi pour la com’ du maire de Paris). Il explique comment s’est déroulée la chasse au budget auprès des grandes entreprises (L’Oréal). L’argent permettait principalement de payer les marchands de sommeil. Il ne manque aussi de partager des anecdotes. Aude Massot a fait ici un gros boulot d’enquête, particulièrement étayé. Elle n’a pas hésité à suivre des équipes de nuit. Elle bouscule les idées reçues en nous montrant l’envers du décor : les SDF sont la plupart polis et les équipes du 115 qui travaillent dans la joie et la bonne humeur malgré un quotidien harassant. Le dessin sobre, tout en noir et blanc, d’Aude Massot participe à la dimension instructive de l’ouvrage dont on ressort secoué (Rachid, un SDF qui n’a pas bougé depuis 3 mois et qui est en état de putréfaction). Mais, il manque un petit quelque chose pour que l’on soit totalement déduit. La narration est parfois un peu brouillonne et pêche par un manque de fluidité. L’enchaînement reste abrupte entre les différentes séquences. Mis à part ces deux bémols, on passe un moment intéressant. Aude Massot a du Lisa Mandel en elle !
