L'histoire :
Séverine est née en Grèce et elle trouve ça à la fois intriguant et passionnant. Elle entretient ce mythe, mais dès qu’elle demande des précisions à sa mère Viviane, celle-ci change de sujet. Dans les années 2000, elle entreprend alors de reconstituer l’épopée vécue par sa mère, son père et leurs copains de l’époque. La tâche s’avère plus difficile que prévue, les souvenirs de ma mère étant parfois approximatifs, inventés de toute pièce et ne corroborant pas avec ceux de son père ou de Kocq, qui faisait partie lui aussi du voyage. L’invitation au voyage, les récits de leurs amis revenus de Katmandou leur ont donné l’envie de bouger et de se retrouver en Afghanistan. Un premier voyage, puis un second. Départ pour l’aventure en 4L bleue : Venise et l’Italie, Belgrade et la Yougoslavie, la route des Balkans, Moravita et l’attente à la frontière roumaine… Euh, non, par la Bulgarie ! Les souvenirs s’emmêlent. Quassem est aussi du voyage. Sur les routes de Turquie fraîchement goudronnées, la voiture verra sa carrosserie légèrement endommagée. Escale en Iran pour boire une bière à Téhéran. Puis, direction Hérat, en Afghanistan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Steinkis nous livre une tranche de vie pour le moins truculente. Hippie Trail est à la fois un carnet de voyage, un faire-part de naissance en Grèce, un passage par la case prison, et une sortie de territoire digne du film Argo... Mais surtout, c’est une histoire vraie ! Séverine Laliberté nous livre son histoire personnelle, un pan de sa vie sur lequel ses parents sont restés flous, mais qu'elle a quand même réussi à reconstituer à force de ténacité et de persévérance, parvenant ainsi à retracer son autobiographie prénatale. Elle recoupe les souvenirs des uns et des autres pour enfin percer le secret de sa naissance en Grèce. Elle décrit le parcours de ses parents vers l’Est à l’époque « Hippie » dans les années 70, cette volonté de découvrir le monde, les étapes du trajet, le contexte géopolitique, les contes et légendes des pays traversés, les joies, les disputes et une escale forcée en Grèce, jusqu’à la découverte de ses geôles. Une douce couleur posée par Elléa Bird sera réservée pour les paysages en pleine page, et ponctuera quelques éléments clés du récit, comme la voiture, une 4L bleue, des cartes routières, les plans, puis le reste du graphisme en noir et blanc sera agrémenté par de réelles photos. Cet album-souvenir mouvementé se lit bien, apportant ainsi de la fraîcheur et de l’humour, malgré les durs moments vécus par les protagonistes. La fin nous tient en haleine... Même si nous n’en connaîtrons ni la suite, ni ses conséquences, nous reconnaîtrons que la force des convictions d’une mère est inébranlable.