L'histoire :
Le 23 mars 2015, à Barcelone, un pilote d’avion repasse son costume, fraîchement lavé. Il doit assurer le co-pilotage d’un A320 le lendemain, et il tient à être présentable. Dans le même temps, Juana, une jeune mère de famille métisse, prépare ses valises et reçoit un coup de fil de sa mère. Elle la rassure sur l’objectif de son voyage du lendemain vers Düsseldorf. Elle y va avec sa petite fille Luz, pour le règlement juridique de sa séparation d’avec le père violent de la gamine. Tout se présente bien, selon l’avocat. Néanmoins, elle stresse de devoir l’affronter une dernière fois. Dans le même temps, deux jeunes femmes font un jogging dans le quartier de la Sagrada Familia. L’une d’elle, Ana, doit aussi prendre l’avion vers Düsseldorf le lendemain, pour un voyage en amoureux avec son compagnon… Mais après 5 ans de vie commune, elle a décidé de le quitter à leur retour. Rien ne va plus entre eux, ils n’arrêtent pas de se disputer. Elle considère ce dernier voyage comme une sorte d’adieu romantique. De son côté, son compagnon Roberto prépare sa valise. Il reçoit la visite de son pote Pedrito qui l’invite à aller boire une bière. Il lui révèle qu’il a trompé Ana, mais qu’il ne recommencera plus : elle est la femme de sa vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’accident de la Germanwings, l’avion qui reliait Barcelone à Düsseldorf et qui s’est crashé dans les Alpes-de-Haute-Provence en mars 2015, est le 3ème pire crash aérien sur le territoire français. Aucun survivant, 150 morts, d’origines essentiellement allemandes et espagnoles. L’acte suicidaire du co-pilote Andreas Lubitz, au profil psychologique pour le moins fragile, a légitimement été requalifié en meurtre de masse. Les circonstances insolites de ce crash volontaire ont ensuite fait évoluer la législation sur de nombreux points. Mais ce rappel des faits n’est pas le sujet, il n’est qu’un élément déclencheur et on n’y assiste pas. Cet album chorale imagine plutôt la vie d’une demi-douzaine de passagers enregistrés sur ce vol : leurs espoirs, leurs bilans de vies, leurs angoisses. Le scénariste Lorenzo Coltellacci empile les focus sur des moments explicatifs pris la veille, qu’il entrecoupe avec la préparation minutieuse et muette du copilote assassin. L’une part divorcer, deux autres font un dernier voyage avant rupture, un autre va à l’anniversaire de son père et angoisse de le revoir, une autre est toute excitée à l’idée de rejoindre un amant rencontré sur le net… Chaque prisme est ensuite repris au moment du crash, avec des prises de consciences diverses. Certains en réchappent, car les circonstances leur font rater leur vol. Le dessin semi-réaliste stylisé et très coloré de Davide Aurilia s’approche au plus près de ces personnages de papier, auxquels il est fortement conseillé de ne pas trop s’attacher.
