L'histoire :
Asaf vient de revenir en Israël. Il vient de terminer ses études et retrouve sa famille. Bien entendu, on lui pose des questions sur la manière dont il compte gagner sa vie. « La bande-dessinée » ne semble pas être une qualification suffisante pour constituer un vrai métier. Mais Asaf ne s’inquiète pas trop des réactions de ses parents, qui l’hébergent avec joie le temps qu’il trouve un appartement. C’est lors d’une journée passée à Tibériade pour dépanner son père cloué au lit qu’il va découvrir une photo avec son arrière-grand-père Abraham, et un gamin sur ses genoux. Entre eux, une histoire d’adoption et de meurtre qui va hanter les pensées d’Asaf. Plus de soixante-dix ans plus tôt, à la fin des années 1920, Saül est venu du Kurdistan vers la Palestine pour y démarrer un commerce de vêtements. Il accueillera très vite un jeune commis du nom de Ben Tsion. Les origines de la famille d’Asaf remontent à cette arrivée à Tibériade, avec une série d’évènements dont ses parents ont toujours gardé le secret.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La vie d’une famille juive arabe dans les décennies de construction de l’état d’Israël, voilà une occasion unique de s’enrichir sur la complexité du monde, et de sortir des clichés rapides basés sur les évènements les plus récents. L’auteur nous plonge dans les décennies qui précèdent la création d’Israël de 1948, lorsque des communautés juives et arabes vivaient sur les mêmes terres. Avec la moitié du récit qui se déroule sous forme de flashbacks vers ces années d’installation familiale, on assiste aux premières tensions entre les tenants d’une radicalisation des positions. Il n’est pas encore question de guerre ouverte, mais l’histoire est déjà là et les aspirations de tous à vivre sur une terre qu’ils considèrent comme étant la leur. Le ton de l’album est très personnel et reste, de fait, assez superficiel sur la profondeur des évènements qui se déroulent, l’histoire de la famille étant mise au premier plan, sur fond des grands changements politiques qui s’annoncent. Avec une réalisation assez technique et des pages très régulières, Hanuka s’inscrit dans un style semi-réaliste presque américain dans son inspiration. Peu de décors, essentiellement des conversations, et une sobriété de toute évidence délibérée. Un récit très inhabituel dans son propos, une vraie ouverture pour le lecteur peu savant sur les origines d’Israël, tout comme sur la diversité des origines des femmes et des hommes de cette terre, objet de tant d’enjeux.
