L'histoire :
Kei arrive en France et plus précisément à Paris, alors qu'elle a à peine six ans. Ses parents ont quitté la Chine pour s'installer en France, pour vivre dans de meilleures conditions. Mais leur arrivée va être plus difficile qu'ils ne le pensaient. L'intégration va être compliquée : ils ne parlent pas français et vont se reposer sur leur fille pour effectuer la traduction. La vie est bien moins idyllique que la vision de la carte postale parisienne véhiculée à travers le monde... Ils vont devoir attendre pendant des heures pour accéder aux services administratifs, et seront confrontés à l'absurdité et à la complexité du traitement de leur dossier par l'administration. Ils vont habiter en famille dans des appartements partagés avec d'autres immigrés en plein centre de Paris. Mais la cohabitation devient de plus en plus ardue, et ils aspirent à plus de tranquillité, à un espace personnel. Alors, lorsqu'ils visitent un appartement à un prix attractif en banlieue parisienne, ils n'hésitent pas longtemps avant d'en signer l'acquisition. Or de nouveaux soucis débutent alors... Trajets très longs pour aller à l'école pour Kei, insécurité grandissante dans cette cité, charges non précisées lors de l'achat qui vont s'accumuler sans que ses parents puissent les régler, racisme... En déménageant, Kei se retrouve dans un autre monde, dans un autre établissement scolaire avec de nouveaux amis, et va devoir s'accommoder de ce changement de vie. Elle nous raconte ainsi son passage de l'enfance à l'adolescence, et s'intéresse au quotidien, aux rêves et aux ambitions des habitants du quartier de La Noue, dans lequel elle a vécu de nombreuses années.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Kei et ses parents quittent la Chine pour s'installer en France. Mais leur intégration va être plus longue que prévue, et surtout beaucoup plus compliquée qu'ils ne l'espéraient. Après avoir réalisé Banana Girl en 2017, Kei Lam revient avec un nouveau roman graphique, qui s'inscrit comme une continuité du premier album. A noter toutefois que la lecture du premier volume n'est pas nécessaire pour la compréhension de ces Saveurs du béton. Elle revient sur son propre parcours d'immigrée chinoise, arrivée en France avec ses parents alors qu'elle était enfant. Elle raconte avec légèreté son installation sur Paris, ou plutôt en banlieue parisienne, et le choc des cultures qui s'entrecroisent : celle, traditionnelle, de ses parents, et celle plus contemporaine des parisiens, des résidents de la banlieue ou de ses jeunes cousines chinoises. Au cours du récit, elle fera régulièrement intervenir son « moi » actuel, qui posera un regard tendre et bienveillant sur la jeune fille rêveuse qu'elle pouvait être, et qui lui parlera du futur de son quartier et de sa propre vie. On comprend ainsi comment son quotidien dans le quartier de la Noue l'a marquée, et a influé sur ses choix de vie personnels et professionnels. On comprend peu à peu toutes les difficultés auxquelles cette famille a dû faire face. Ce récit donne à voir un autre regard sur les habitants des cités et véhicule un message de tolérance et d'acceptation de la différence. Un moyen pour l'autrice de militer en racontant son propre parcours. Le dessin, très épuré et en noir et blanc, est similaire à son premier album.