L'histoire :
Un procès hors-norme s’est ouvert le mercredi 8 septembre 2021. Mais cette histoire a débuté bien avant : un vendredi 13 novembre 2015. Il est 20h et quelques. Bahareh Akrami, qui est enceinte de 7 mois, est en train de rejoindre des potes au Carillon pour un pot de départ. Il fait doux à Paris et les terrasses sont pleines de vies. 21h20 alors qu’elle est à l’intérieur du bar, elle entend des tirs enchaînés. Elle se cache sous la table avec 2 copines. Elle croit d’abord à un règlement de compte. Puis c’est le silence. Sans se parler, ils pensent tous qu’« il » va rentrer dans le bar et peut-être les trouver. A cet instant précis, Bahareh se rappelle ce qu’elle a dans la tête : Jurassic Park, la scène où les raptors rentrent dans la cuisine…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bahareh Akrami est une jeune femme d’origine iranienne dont les parents ont été contraints de s’exiler en 1984, pour fuir le régime des ayatollahs de la république islamique d’Iran afin d’éviter d’être exécutés. 31 ans plus tard, les mêmes obscurantistes vont une nouvelle fois faire effraction dans sa vie. Si après les attentats du 13 novembre 2015, Bahareh avait refoulé ces tragiques événements dans lesquels elle était impliquée, à l’avènement du procès elle prend conscience qu’elle n’a pas pleinement digéré cet épisode de sa vie. Bahareh qui s’est constituée partie civile, va tenir un journal quasi-quotidien où elle va relater l’ensemble des faits marquants de ces 9 mois de procès. La jeune femme ne s’est pas rendue quotidiennement au tribunal, mais elle suivait le procès par le biais de la web radio mise à disposition des victimes par la justice. Ce roman graphique de près de 300 pages synthétise l’essentiel des faits marquants au quotidien dans ce procès. Il ne s’agit pas précisément d’une BD reportage, car Bahareh n’est pas neutre. Elle parle également de son quotidien en dehors du procès et le ton employé n’est pas des plus formel (ex : elle surnomme le président de la cour « Loulou »). En effet, la jeune femme a souvent recours à un langage moderne et familier. Elle manie l’ironie avec facilité et sans retenue, n’hésitant pas à dresser des portraits peu flatteurs de certains intervenants (aussi bien accusés qu’experts belges…). Evidemment, il y a également des passages émouvants, comme les dépositions des parties civiles. D’autres révoltants, comme certaines plaidoiries de la défense qui sont dans leur rôle… ou pire, de certains accusés peu diserts. C’est un livre extrêmement dense et bavard qui couvre les 149 jours d’audience ainsi que le verdict. Les dessins sont au final peu nombreux et se limitent à des représentations sommaires et souvent caricaturales des têtes des principaux acteurs de ce procès.