L'histoire :
Marie-France Barrier, amoureuse de l'environnement, met sa passion au service de documentaires. Après plusieurs réalisations comme Le Syndrome du Titanic ou Human, elle part en road trip. Une caméra à la main, elle part à la rencontre de paysans qui se réconcilient avec la nature, des hommes acteurs du changement. Le système est en pleine mutation. Des initiatives viennent d'éleveurs, de viticulteurs, de céréaliers, de forestiers... L'enjeu se situe dans la révélation d'un être humain par rapport au monde qui l'entoure. Ces personnes ont questionné leurs pratiques, remis en cause leurs croyances, modifié leur rapport à leur communauté... Et ils ont modifié leurs pratiques en réintroduisant de la biodiversité dans des univers fermés. Un pas de côté qui n'est pas spécialement bien vu dans le milieu. Se lancer dans un autre mode de production inquiète toujours les confrères. Est-il vraiment possible de produire différemment et néanmoins de faire du profit ? Les interrogations pullulent. Quelles sont les bonnes pratiques et les freins ? La réalisatrice veut aller plus loin dans cette démarche de relation avec la nature. Elle crée donc l'association Des Enfants et des Arbres, qui a permis à plus de 6 000 enfants de planter 40 000 arbres chez plus de 180 agriculteurs.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On manque cruellement de bonnes nouvelles, surtout lorsque cela concerne l'environnement. Or il y en a, par-ci, par-là. Marie-France Barrier déniche ces personnes qui changent radicalement et vertueusement de pratiques. Des paysans qui plantent des arbres dans les vignes, font pousser de l'herbe pour les vaches, travaillent sous forme de coopérative, gèrent le bois de façon respectueuse du rythme de vie... On sent l'intérêt sincère de ces individus et il est important de valoriser le sens de leurs actions. D'ailleurs, on aimerait en savoir plus sur eux. On voudrait savoir depuis quand ils se sont lancés, quels sont les freins rencontrés, est-ce rentable comme mode de production, comment ils communiquent dans leur communauté... Certains ont-ils fait marche arrière ? Cet ouvrage représente une parenthèse d'optimisme, une dose d'espérance prospectiviste. Céline Gandner retranscrit merveilleusement l'enthousiasme de la narratrice. L'autre force de l'ouvrage repose sur les connaissances. Par exemple, on oublie trop la force du sol. « Dans 1g de sol, il y a plus d'individus que d'êtres humains sur Terre. 1g de sol, c'est 10 milliards d'individus vivants qui œuvrent à la fertilité du sol ». Sans oublier les incroyables pouvoirs des arbres. La forêt répond à une logique d'exploitation intensive pour maximiser les rentrées d'argent, validée par les politiques intergouvernementales. Ainsi on coupe selon les besoins et non le rythme de l'arbre. Et pour faire des grandes planches, on envoie les arbres en Chine où se trouvent les machines. On marche sur la tête... Vouloir un monde meilleur demain, c'est bien gentil ; mais comprendre et agir, c'est mieux. Et c'est là que se situe le hic du livre. On aurait apprécié un petit dossier pédagogique pour retrouver les identités et projets des personnes citées, trouver des liens vers des initiatives similaires, des podcasts à écouter, d'autres BD à lire, des associations à suivre... Permettre à cette énergie de se poursuivre, afin de passer la seconde.